Les demandes de permis de recherche en géothermie profonde ont doublé cette année en France, portant à six le nombre de ces projets d'un coût initial élevé mais rentables pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, selon des chiffres communiqués vendredi par le ministère de la Transition énergétique.
En déplacement près de Paris pour inaugurer la nouvelle centrale géothermique de Saint-Denis, destinée à alimenter les 14.000 athlètes du Village olympique en air frais puis à chauffer l'équivalent de 7.500 logements, la ministre Agnès Pannier-Runacher a salué cette "très nette hausse", y voyant "les premiers résultats concrets" du plan national d'action pour la géothermie lancé en février, selon un communiqué.
"C'est la première année où l'on a autant de demandes de permis", a ajouté auprès de l'AFP l'entourage de la ministre.
Outre des mesures pour étendre le plan d'action à l'Outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Mayotte, Réunion), la ministre a annoncé le lancement d'une stratégie à l'export pour la filière, surtout composée de PME pour qui "il est difficile de connaître les marchés dans le monde et d'oser candidater", selon son entourage.
La mission a été confiée à Geodeep, un groupe d'entreprises qui fait déjà la promotion des compétences françaises en géothermie à l'étranger.
La géothermie connaît un regain d'intérêt en Europe pour décarboner la production de chaleur et de froid.
En France, elle fait partie des axes du gouvernement pour réduire la dépendance du pays aux énergies fossiles, outre la coûteuse relance du nucléaire et l'essor des autres énergies renouvelables, solaire et éolien.
Sorte de radiateur gratuit, la géothermie consiste à forer le sol et à y puiser de la chaleur pour du chauffage ou de l'électricité mais aussi du frais ou du froid. A moins de 200 mètres, le géothermie de surface capte de la chaleur à des températures inférieures à 30 degrés. Au-delà de 200 mètres, on parle de géothermie profonde: plus le forage descend, plus la température augmente.
Les projets impliquent un investissement initial important (pas moins d'un million d'euros), comme à Saint-Denis où l'installation, plongeant entre 1.500 et 2.000 mètres sous terre, a coûté 29 millions d'euros.
Ils comportent beaucoup d'incertitudes au départ et de longues procédures administratives, mais avec à la clé, un coût de production de la chaleur présenté comme très compétitif et faible en émissions de carbone.
Avec ses 7.500 km de réseaux, l'Ile-de-France se présente comme la championne mondiale de ce mode de chauffage depuis le premier forage de 1969 à Melun, au sud de Paris.
"Ici, c'est la capitale mondiale de la géothermie", a assuré Yann Wehrling, vice-président de la région Ile-de-France chargé de la transition écologique, soulignant que la région avec son "potentiel énorme" pourrait encore doubler le recours à cette énergie.
Au niveau national, l'ambition gouvernementale est de quadrupler le rythme de déploiement des projets en géothermie profonde d'ici 2035, pour passer de 2,3 térawattheures (TWh) en 2021 à 8 ou 10 TWh en 2035.
Pour la géothermie de surface, destinée aux particuliers ou aux immeubles, en couplage avec une pompe à chaleur, on passerait de 3,9 TWh en 2021 à 15 voire 18 TWh en 2035, selon les projections du gouvernement contenues dans le document de la Stratégie Energie Climat.
Le plan d'action gouvernemental a porté en mars à 5.000 euros l'aide à l'installation de pompes à chaleur géothermiques. Il prévoyait aussi un investissement sur la cartographie du sous-sol, d'investir dans le nombre et la formation des foreurs et un renforcement de la dotation du fonds de garantie géothermie, ainsi que des aides de l'Ademe.