La reprise entamée en 2016 pour la filière du recyclage s'est confirmée l'an dernier, avec une hausse de l'activité des entreprises du secteur, qui se disent également optimistes pour cette année, malgré des incertitudes liées au contexte international.
L'an dernier, les 1.100 entreprises du secteur regroupées au sein de l'association professionnelle Federec ont collecté près de 105 millions de tonnes de déchets (bois, verre, métaux, plastiques, etc.), soit 2% de plus qu'en 2016, selon le rapport annuel de Federec présenté mercredi.
Presque toutes les catégories de déchets sont en augmentation, en particulier les ferrailles et métaux non ferreux, les textiles et le bois. Mais les plastiques (-0,2%) ont été pénalisés par les restrictions aux importations imposées par la Chine.
Ce dynamisme a entraîné une hausse du chiffre d'affaires de la filière, qui a dépassé 9 milliards d'euros contre 8,6 milliards en 2016, grâce aussi à la hausse des prix de certaines matières.
"Globalement l'année 2017 a été une bonne année pour le secteur et 2018 est à peu près sur la même lancée", a déclaré devant la presse le président de Federec, Jean-Philippe Carpentier, en saluant une "embellie" après "des années vraiment difficiles".
Pour le président de la fédération, "le facteur le plus satisfaisant sur l'année 2017 (...) est le nombre d'emplois (qui) a augmenté de 6% pour dépasser la barre des 28.000 emplois".
Selon M. Carpentier, les embauches traduisent "un certain optimisme du moral des entreprises". Mais le secteur connaît "des difficultés de recrutement", a-t-il noté, "notamment sur des postes de chauffeurs, de conducteurs d'engins, de conducteurs de lignes, d'agents de maintenance, d'électromécaniciens".
Un autre élément positif, pour le président de Federec, est la "hausse très nette des investissements", qui ont dépassé 500 millions d'euros en 2017.
M. Carpentier estime que ce mouvement va se poursuivre car le secteur a besoin de renforcer ses capacités de recyclage pour produire une matière recyclée de meilleure qualité, après la décision chinoise à la mi-2017 de restreindre ses importations de déchets.
"A court terme, c'est perturbant parce qu'on a des cours qui sont un peu effondrés, mais à moyen terme c'est une vraie opportunité parce qu'on va réindustrialiser la France et l'Europe pour faire des matières premières issues de recyclage de qualité", a-t-il expliqué.
Cette évolution va être "un facteur d'investissement" et "un facteur d'emploi", a-t-il ajouté.
"La Chine reste la première usine du monde, et forcément elle aura besoin de matières, mais de matières de qualité", a estimé M. Carpentier.
Outre l'impact des restrictions chinoises aux importations de déchets, la filière du recyclage est attentive aux possibles effets des tensions commerciales, notamment entre les Etats-Unis et la Chine, en particulier sur le secteur des métaux.
Dans le document présentant les chiffres 2017, M. Carpentier mentionne aussi la proposition norvégienne d'intégrer les déchets plastiques rigides dans la convention de Bâle sur le contrôle des transferts transfrontaliers de déchets.
Sur le segment des déchets du BTP, les perspectives pour 2018 sont "incertaines", avec un essoufflement des mises en chantier et de l'activité des producteurs de matériaux de construction.
Au niveau national, le gouvernement prépare une loi sur l'économie circulaire, afin d'améliorer le recyclage des déchets. Il prévoit également une hausse de la fiscalité pour rendre la mise en décharge plus coûteuse, et veut durcir les règles des éco-organismes qui pilotent la gestion de certains déchets, en leur imposant des obligations de résultats et des sanctions en cas d'échec.