France: la réindustrialisation fragilisée par la crise mais boostée par la transition énergétique

La réindustrialisation pourrait marquer le pas en France sous l'effet de la guerre en Ukraine, l'inflation et la crise énergétique, mais continue de bénéficier de la transition énergétique, avec des projets d'usines photovoltaïques, d'éoliennes ou de batteries, indiquent les données transmises par le cabinet spécialisé Trendeo.

Au deuxième trimestre 2022, Trendeo a enregistré une baisse de 20% des créations d'emplois dans les entreprises par rapport au premier.

Très réactifs à la conjoncture immédiate, les secteurs de la vente à distance et des centres d'appels et services en ligne illustrent le coup de froid sur la croissance identifié par Trendeo, avec respectivement 6.583 et 1.092 emplois supprimés de plus que ceux qui ont été créés dans ces deux secteurs sur les huit premiers mois de l'année.

L'industrie traditionnelle, elle, a continué de voir ses effectifs augmenter, avec 26.625 emplois nouveaux sur les huit premiers mois de l'année, soit un solde net positif de 10.074 par rapport à la période janvier-août 2021. 90 usines nouvelles ont vu le jour au premier semestre contre 35 qui ont fermé.

"Début de chute ou trou d'air?", le rapport semestriel du cabinet Trendeo qui recense et analyse deux fois par an toutes les annonces d'investissement des entreprises sur le territoire français, ne tranche pas.

"Jusqu'à fin août, on ne constate pas de ralentissement violent dans l'ensemble de l'économie", souligne le rapport. Mais, en avril, le solde des créations et suppressions d'emplois est passé "sous le niveau de 2021", note-t-il.

La croissance des relocalisations d'entreprises, qui avaient observé une année record en 2021, semble aussi marquer le pas.

Au premier semestre, Trendeo décompte 28 relocalisations contre 4 délocalisations. Au deuxième semestre 2021, les relocalisations et délocalisations s'élevaient respectivement à 44 et 4, et à 46 et 12 au premier semestre 2021.

- Sept projets de plus de 50 hectares -

La dynamique des créations d'usines reste "élevée" et "les nombreux signaux alarmants sur l'activité industrielle ne se traduisent pas (encore?) par des décisions de fermeture", ajoute Trendeo.

Côté startups, 400 levées de fonds ont eu lieu de janvier à août 2022, contre 518 sur la même période de 2021, soit une baisse de 23%. En revanche le total des fonds collectés a augmenté de 54% à 5,7 milliards d'euros en 2022, contre 3,7 milliards l'an passé.

Enfin Trendeo a analysé les quelque 1.500 projets d'investissement industriel de taille conséquente -sur une surface de terrain supérieure à 50 hectares- annoncés dans le monde entre 2016 et 2022 et recensés dans sa base de données.

Si les Etats-Unis en comptent 415, la Chine 124, et le Royaume Uni 32, la France n'en compte que sept, l'Allemagne onze, et l'ensemble Pologne/Hongrie/République tchèque en compte une dizaine.

Les sept projets industriels français de ce recensement sont situés dans le domaine de l'énergie, liés à la transition en cours:

Quatre projets de fermes solaires à Allons (Lot-et-Garonne), Labarde (Gironde), Total Quadran à Haulchin (Nord), et MontanSolar & Luxel à Forbach (Lorraine), des projets de fabrication d'éoliennes en Bretagne, le projet d'usine de batteries électriques automobiles Verkor dans le Nord, et le projet de fabrication de panneaux solaires de la startup Carbon basée dans la Loire, en Rhône-Alpes, indique Trendeo.

"La France a un tissu industriel qui reprend un peu de dynamisme, mais peine encore à accrocher des grands projets d'assemblage final dans l'automobile et l'électronique, et rate ainsi une occasion de développer un tissu de sous-traitants chez les ETI et PME", a déclaré à l'AFP David Cousquer l'auteur de l'étude et éditeur de Trendeo.

im/uh/rhl

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