La récolte de bois commercialisé et notamment de bois d'oeuvre a progressé en 2018, a-t-on appris lundi auprès du ministère de l'Agriculture, une augmentation qui est notamment la conséquence des problèmes sanitaires auxquels est confrontée la forêt française, touchée par le réchauffement climatique.
Avec 39 millions de mètres cube, la récolte de bois commercialisé a progressé en France de 1,4% en 2018, atteignant son "niveau le plus haut observé hors épisode de tempête", a indiqué dans un communiqué Agreste, service statistique du ministère de l'Agriculture, dont dépendent les forêts.
La récolte de bois d'oeuvre, qui représente plus de la moitié de la récolte, a augmenté de 3,1% en 2018, soit plus du double de la progression annuelle constatée lors des cinq années précédentes.
"Elle est portée par la récolte des conifères qui accélère (+3,3% contre +1,3% en moyenne les cinq années précédentes), dynamisée notamment par le douglas (+9,7%) et, dans une moindre mesure, par le sapin/épicéa (+2,6%). Entre 2017 et 2018, le taux de produits accidentels du bois d'oeuvre est passé de 0,9% à 2,3% du fait notamment de la crise des scolytes qui touche particulièrement l'épicéa" et oblige à les abattre, explique le ministère.
Ces coléoptères, qui creusent des galeries sous l'écorce des arbres, prolifèrent depuis deux ans. Une raison à cela: la sécheresse, rappelle Antoine D'Amécourt, président de Fransylva, syndicat des forestiers privés.
"Quand les épicéas sont en pleine santé et ont toute la pluviométrie qu'il faut, il circule beaucoup de résine sous l'écorce, par laquelle est noyé le petit insecte", indique M. D'Amécourt.
La récolte de bois d'oeuvre de feuillus a également accéléré en 2018, doublant son rythme de progression par rapport aux années précédentes (+2,6%).
- La crise des scolytes continue à s'aggraver -
"Après une baisse de 2% par an au cours des cinq dernières années, la récolte de hêtre augmente de 6%, suite notamment à des coupes sanitaires, contribuant principalement à la hausse des récoltes de feuillus", indique Agreste.
"Pour le hêtre, c'est typiquement le réchauffement", a indiqué M. D'Amécourt, soulignant que cet arbre ne souffre pas d'un parasite spécifique, mais du réchauffement lui-même.
Ces problèmes sanitaires vont aller en s'accentuant: si la crise des scolytes a débuté en 2018, elle s'est aggravée en 2019, souligne le ministère.
En région Grand Est, l'Office National des Forêts (ONF) estime à 400.000 mètres cube le volume d'épicéas attaqués en 2018 par le coléoptère, un volume qui pourrait grimper à 800.000 mètres cube en 2019, indique Agreste.
Et le fléau pourrait encore monter en puissance l'an prochain, à en croire M. D'Amécourt.
Dans ce contexte, il se félicite d'autant plus du maintien du budget du CNPF, établissement public qui oeuvre au développement de la gestion durable des forêts privées en France.
Depuis de longs mois, les forestiers privés craignaient "un désengagement de l'Etat", dont la dotation représente 15 des 35 millions d'euros de budget de l'établissement.
Parmi les autres facteurs qui ont soutenu l'activité de récolte, l'augmentation des cours du chêne, en raison des exportations vers la Chine et de la demande de la tonnellerie française.
Enfin, les objectifs ambitieux du programme national de la forêt du bois, qui prévoyaient une augmentation de la récolte d'ici 2026.