La suppression de 95 postes à l'Office national des forêts (ONF), inscrite dans le projet budget 2025, est jugée "inadmissible" par des syndicats de l'Office, dont les missions s'alourdissent dans une forêt française en souffrance.
Alors que les agriculteurs voient leur fiscalité allégée, le tour de vis au ministère de l'Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt concerne quasiment exclusivement l'ONF, gestionnaire des forêts publiques françaises dont les effectifs ont déjà fondu ces dernières années, passant de 12.500 à 8.000 entre 2000 et 2022.
Sur les 101 postes en équivalent temps plein (ETP) supprimés, 95 le seraient à l'ONF et 6 à l'Agence sanitaire Anses, selon le projet de budget 2025.
"C'est non!", prévient l'EFA-CGC, le seul syndicat représentant à la fois les salariés de droit privé et public au sein de l'établissement.
"Ce retour aux vieilles méthodes d'étouffement de l'ONF est inadmissible", pour le syndicat, alors même que selon lui "la direction de l'ONF comme la nouvelle ministre se sont engagées pour la défense" des effectifs.
Jeudi soir, le ministère a en effet indiqué que "la priorité de la ministre" Annie Genevard serait "de soutenir une stabilisation" des effectifs.
Face à l'attribution de missions supplémentaires, notamment pour lutter contre le risque accru d'incendie en forêt, et l'ampleur des besoins de renouvellement et d'entretien de massifs fragilisés par le changement climatique, l'ONF avait obtenu l'annulation de suppressions d'emplois prévues dans le contrat Etat-ONF en 2023 et 2024.
La suppression de 95 ETP était également prévue en 2025, mais les syndicats de l'Office s'attendaient à la voir annulée.
"Supprimer encore des postes, c'est intenable, on ne pourra plus assurer nos missions", a déclaré à l'AFP Patrice Martin, secrétaire général de Snupfen-Solidaires, majoritaire chez les salariés de droit public.
"Nous préparons un amendement pour rehausser les effectifs de l'office, que nous soumettrons aux députés. Nous demandons 478 ETP en plus, soit un par service, parce que tous les services sont à l'os aujourd'hui", a-t-il ajouté.
Pour Armelle Noé, représentante des cadres au Conseil d'administration de l'ONF et membre de l'EFA-CGC, ces suppressions de poste n'ont "aucune justification" alors que l'ONF a amélioré sa situation financière depuis deux ans, grâce notamment à l'envolée des prix du bois.
Dans son dernier rapport, publié en septembre, la Cour des comptes estime que les effectifs de l'ONF, longtemps en baisse, "apparaissent désormais insuffisants pour répondre aux missions croissantes qui lui sont assignées".