Fini la CMU: Buzyn lance la "complémentaire santé solidaire"

Toujours gratuite pour les plus pauvres, un euro par jour maximum pour les plus âgés: la ministre de la Santé Agnès Buzyn et sa secrétaire d'État Christelle Dubos ont lancé mardi la "complémentaire santé solidaire", qui remplacera à partir du premier novembre deux aides publiques sous-utilisées (CMU-C et ACS).

Vingt ans après sa naissance, la couverture maladie universelle complémentaire change de nom et de dimension. Une mue qui fera l'objet, de mardi "à la fin décembre", d'une "vaste campagne d'information" sur "le web, les ondes radio et les réseaux sociaux", amenée "à se poursuivre en 2020", selon le gouvernement.

Un battage médiatique censé "inciter les publics concernés à se renseigner, en particulier les personnes qui renoncent aujourd'hui aux aides parce qu'elles ignorent qu'elles y ont droit".

"Notre objectif, c'est que plus personne ne soit obligé de renoncer à des soins pour des raisons financières", a déclaré Mme Buzyn lors d'une conférence de presse, présentant cette réforme comme une "deuxième étape" après celle du "100% santé", qui doit réduire les "reste à charge" en optique, dentaire et audition.

Le nouvelle "complémentaire santé solidaire" est "un pilier de notre stratégie de lutte contre la pauvreté", a insisté Mme Dubos, soulignant que cette mesure "bénéficiera particulièrement aux retraités modestes".

Dans les faits, la CMU-C, créée en 1999 pour les plus démunis, va avaler l'aide au paiement de la complémentaire santé (ACS), sorte de "chèque santé" mis en place en 2005 pour ceux, moins défavorisés mais qui vivent tout de même sous le seuil de pauvreté.

Ces deux dispositifs comptaient déjà 7,1 millions de bénéficiaires fin juin (5,8 millions pour la CMU-C, 1,3 pour l'ACS). Mais la population éligible est estimée "entre 9,5 et 12 millions" de personnes, a précisé la ministre de la Santé, reconnaissant que "l'enjeu est immense".

- "beaucoup communiquer" -

D'où, dès le départ, "un très fort enjeu de communication", à la fois auprès des assurés et des professionnels de santé, a expliqué le directeur de l'Assurance maladie, Nicolas Revel.

En pratique, rien ne changera pour les assurés de l'actuelle CMU-C: la future "complémentaire santé solidaire" restera gratuite, avec le même niveau de remboursement, pour un célibataire gagnant moins de 746 euros par mois, ou un couple avec enfant en dessous de 1.343 euros.

En revanche, pour la population éligible à l'ACS (moins de 1.007 euros pour un célibataire, 1.813 euros pour un couple avec enfant), cette mesure est présentée comme une "simplification": les garanties seront alignées sur celles de la CMU-C, moyennant une "participation financière" croissante avec l'âge.

Il leur en coûtera ainsi 8 euros par mois jusqu'à 29 ans, 14 euros entre 30 et 49 ans, 21 euros entre 50 et 59 ans, 25 euros entre 60 et 69 ans, et 30 euros à partir de 70 ans (sauf en Alsace-Moselle, où les sommes seront divisées par trois).

Pour les finances publiques, le coût de cette réforme est évalué à "220 millions d'euros à horizon 2022", a indiqué la directrice de la Sécurité sociale, Mathilde Lignot-Leloup.

Une prévision basée sur une cible "d'augmentation du taux de recours d'au moins trois points par an", mais ce budget "n'est pas limitatif et nous aurons les moyens d'accompagner un éventuel succès" de la "complémentaire santé solidaire", a-t-elle ajouté.

"Notre ambition est pleine et entière", a affirmé Mme Buzyn, promettant de "surveiller la montée en charge de ce dispositif", mais aussi de "beaucoup communiquer sur le sujet".

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