Financement des énergies fossiles: la Banque de France "prudente" sur le rapport Oxfam

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a appelé à la "prudence" mercredi après le rapport d'une ONG qui épingle six banques pour leur financement des énergies fossiles, annonçant la publication de "données" sur le sujet début 2019.

Dans un rapport publié samedi, l'ONG Oxfam accuse les six banques françaises les plus importantes de n'avoir pas tenu leurs engagements depuis la COP21 en décembre 2015, citant nommément BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE, Crédit Mutuel-CIC et la Banque Postale.

Entre 2016 et 2017, les banques "ont financé les énergies fossiles à hauteur de 43 milliards d'euros, contre seulement 12 milliards d'euros aux énergies renouvelables, alors que la situation climatique exigerait d'elles qu'elles fassent au moins l'inverse", affirme Oxfam.

"A ce stade, je conseillerais la prudence vis-à-vis des analyses de certaines ONG qui concluent à un +biais en faveur de l'énergie fossile+ des banques françaises", a déclaré mercredi le gouverneur lors de la clôture du colloque "Climate Finance Day" à Paris.

"En effet, leurs expositions aux grands risques associés au secteur pétrolier et gazier ont diminué entre 2015 et 2017", a-t-il affirmé sans plus de détails.

Il a rappelé que lors du "One Planet Summit" de décembre 2017, la Banque de France a mis en place le "Réseau pour le verdissement du système financier" (NGFS), fort de 21 membres, et qui doit publier en avril son premier rapport faisant - sur la base du volontariat - "des recommandations pour les banques centrales et les superviseurs".

M. Villeroy de Galhau a également indiqué que dans le même temps l'APCR", chargée de la surveillance de l'activité des banques et des assurances, "a interrogé" ces dernières sur leur intégration des risques liés au climat, et que "les résultats seront publiés début 2019".

"Ces données apporteront une contribution précieuse pour concevoir un nouveau cadre adéquat pour réaliser des tests de résistance et évaluer le risque climatique dans l'ensemble du système financier français", souligne-t-il.

Lundi, à la suite du rapport Oxfam, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait appelé les banques à "tenir leurs engagements" dans la lutte contre le réchauffement climatique, et avait indiqué qu'il réunirait "dans les prochaines semaines les banques, les assureurs, les gestionnaires d'actifs pour qu'ils prennent de nouveaux engagements".

Le ministre souhaite notamment leur demander d'arrêter "définitivement de financer les activités les plus nocives pour le réchauffement climatique, en particulier le charbon, que ce soit les centrales ou les mines".

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