Financement de la recherche: les femmes moins bien loties (étude)

Les femmes scientifiques ont plus de difficultés à obtenir des financements pour leurs travaux de recherche que leurs collègues hommes dans les cas où le processus de sélection est personnalisé, selon une étude publiée vendredi.

Cette publication fait partie d'un numéro de la prestigieuse revue médicale The Lancet entièrement consacré à la question du genre en médecine et en science.

L'étude se base sur près de 24.000 dossiers de candidature déposés en cinq ans auprès des Instituts de recherche en santé du Canada, principal organisme public de financement de la recherche médicale dans ce pays.

En 2014, l'organisme a modifié son processus de candidature en distinguant deux modes d'évaluation des dossiers : l'un est centré sur le ou la chercheuse auteur des travaux, l'autre évalue la démarche scientifique proposée.

En faisant cela, les responsables de l'organisme ont de fait créé "une expérience grandeur nature unique", selon les auteurs de l'étude.

Selon eux, quand l'examen des candidatures était seulement basé sur la recherche elle-même, l'écart entre les deux sexes pour les dossiers acceptés n'était que de 0,9%. Mais il grimpait à 4%, au désavantage des femmes, quand l'examen était basé sur les scientifiques auteurs des travaux.

"Cela montre que les recherches scientifiques sont jugées d'aussi bonne qualité quand elles émanent d'hommes ou de femmes, mais que les hommes et les femmes ne sont pas jugés de la même manière en tant que scientifiques", a commenté Holly Witteman, professeur associée à l'Université Laval de Québec.

Consciemment ou non, les spécialistes chargés de l'évaluation "ont tendance à considérer les hommes comme des meilleurs scientifiques que les femmes", a-t-elle assuré à l'AFP.

L'étude ne précise pas toutefois pas si ces résultats diffèrent selon le sexe des personnes chargées de l'évaluation.

L'édition du Lancet de vendredi comprend également des articles sur la faible représentation des femmes dans la recherche.

"La communauté scientifique mondiale a renoncé à la responsabilité qui était la sienne d'assurer une égalité entre les genres dans le domaine de la santé", écrit dans un édito le responsable de la revue, Richard Horton.