La crise financière de 2007 et les scandales successifs qui ont éclaté depuis sont venus le rappeler : les notions de finance et d’éthique ne vont pas toujours de pair, notamment en raison d’un manque de transparence vis-à-vis du grand public. Mais depuis plusieurs années, certaines pratiques tentent de concilier les objectifs de rentabilité financière et d’impact positif sur la société ou l’environnement. Parmi elles, l’investissement socialement responsable, ou ISR, connaît une croissance rapide.
Un investissement à impact positif
L’investissement dans des entreprises n’a rien de neuf. Il constitue, pour des investisseurs particuliers ou institutionnels, un moyen de faire fructifier leur argent en acquérant des titres dans des sociétés cotées en bourse. En règle générale, ces investisseurs confient leur argent à des fonds de gestion qui sélectionnent les entreprises dans lesquelles ils vont investir au regard de perspectives financières, telles que leur capacité à croitre et à gagner en valeur.
Mais à la différence des fonds d’investissement classiques, les fonds qui pratiquent l’investissement socialement responsable ajoutent à ces critères financiers des critères extra-financiers, c'est-à-dire environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour sélectionner les entreprises financées. Concrètement, ils peuvent par exemple regarder les politiques menées en matière d’économie d’énergie, de gestion plus respectueuse des salariés ou encore d’indépendance des conseils d’administration.
A travers ce prisme ESG, les fonds retiennent les entreprises les plus responsables selon différentes approches, en fonction notamment de la notion d’impact social et environnemental. Du côté de l’investisseur, il est donc possible de se diriger vers des fonds d’ISR et de favoriser une économie plus durable et mieux préparée aux enjeux actuels et futurs.
Un marché en pleine expansion
En 2015, le secteur de l’ISR représentait 746 milliards d’euros en France, répartis sur quelque 400 fonds différents. Un chiffre en augmentation par rapport aux années précédentes, qui témoigne de la bonne santé de cette pratique dans l’Hexagone. Au premier trimestre 2017, la branche particulière de l’ISR de conviction -qui désigne une partie des fonds les plus engagés, intégrant la notion d’impact positif à leurs décisions de placement- a pour sa part atteint les 24,7 milliards d’euros d’encours distribués sur 122 fonds, soit une croissance de 11,6 % sur une année.
Mais cette dynamique reste encore largement due aux investisseurs institutionnels, qui détiennent ¾ des encours de fonds ISR. Du côté des particuliers, une enquête publiée récemment par Ipsos en partenariat avec le forum pour l’investissement responsable (FIR) est venue révéler la relative méconnaissance de l'ISR par les Français. Parmi les sondés, 66 % déclaraient n’avoir jamais entendu parler de ce type d'investissement alors que dans le même temps, 51 % se disaient favorables à l’intégration des enjeux environnementaux et sociaux dans les décisions de placement.
Cette situation s’explique en partie par le manque de communication de la part des conseillers financiers autour de l’ISR. Ainsi, seulement 4 % des sondés déclaraient s’être vu proposer ce type de placements par leur établissement.
Des labels pour s’y retrouver
Afin d’aider les investisseurs à identifier les fonds qui prennent en compte la notation ESG dans leur grille de sélection des entreprises, il existe des labels. Il s’agit des labels ISR et TEEC, portés par le gouvernement, du label Finansol, qui concerne les placements d’épargne solidaire, et du label CEIS, consacré à l’épargne salariale.
Ces labels garantissent aux investisseurs la transparence et la traçabilité de leurs placements et permettent de promouvoir les produits ISR auprès du grand public. Avec, pour objectif, d’attirer plus de Français vers ce mode d’investissement plus durable.