Les négociations sur le futur chiffrage de l'aide financière climatique que les pays riches doivent à ceux en développement, principal objectif de la COP29, n'ont pas produit "les progrès nécessaires", déplore mercredi le président azerbaïdjanais du sommet.
"Nous appelons toutes les parties à accélérer et à dépasser leurs positions de négociations initiales", écrit Moukhtar Babaïev dans sa première lettre officielle aux quelque 200 nations qu'il doit conduire à un accord au terme de la 29e Conférence climatique des Nations unies à Bakou (du 11 au 22 novembre).
Lors des derniers pourparlers en juin à Bonn, "les divergences entre les parties nous ont empêchés de réaliser les progrès nécessaires", regrette ce ministre azerbaïdjanais de l'Écologie et des Ressources naturelles.
Après la COP28 de Dubaï et ses débats centrés sur la fin des énergies fossiles, la question brûlante de la COP29 est financière: elle doit fixer un nouvel objectif d'aide versée par les pays riches, premiers émetteurs historiques de gaz à effet de serre, aux pays en développement afin qu'ils investissent dans les énergies propres et s'adaptent au réchauffement climatique.
L'objectif actuel, 100 milliards de dollars par an, n'a été atteint qu'en 2022, avec deux ans de retard, érodant un peu plus la confiance entre le Nord et le Sud.
Les pays en développement veulent démultiplier le futur objectif au-delà de 2025. L'Inde a suggéré 1.000 milliards de dollars, cible refusée par les donateurs, essentiellement des pays occidentaux et le Japon, qui veulent voir la Chine et les pays du Golfe, autres responsables historiques, contribuer à leur tour.
Le montant final restera quoi qu'il arrive très en deçà des besoins, évalués à 2.400 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour les pays en développement (hors Chine), selon un calcul d'experts de l'ONU.
Mais il est censé incarner un signal géopolitique influant sur le reste de l'économie mondiale, déjà affectée par les sécheresses, les canicules, les inondations et les incendies massifs provoqués par le réchauffement climatique à travers la planète, dont la température moyenne mesurée depuis plus d'un an n'a jamais été aussi élevée.
- "Carnage climatique" -
"S'accorder sur un nouvel objectif juste et ambitieux" (NCQG, en anglais) est la "priorité numéro un" de la présidence azerbaïdjanaise, déclare le représentant de cette puissance pétrogazière dans un courrier de 11 pages, très détaillé, sur la finance du climat mais muet sur l'accélération de la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, défendu par l'Azerbaïdjan comme "énergie de transition".
"Notre vision est basée sur deux piliers parallèles" qui "se renforcent mutuellement", explique la présidence de la COP29: "accélérer l'ambition", c'est-à-dire encourager les pays à réduire davantage les rejets de carbone, et "activer l'action", autrement dit débloquer les financements.
Face aux blocages, la présidence a convié les négociateurs en chef des pays à une "retraite" du 26 au 27 juillet à Chamakhi, en Azerbaïdjan, et a nommé par avance un duo de ministres facilitateurs, l'expérimenté danois Dan Jørgensen et son homologue égyptienne Yasmine Fouad.
Mais "les questions politiquement complexes" comme la finance du climat "ne seront pas résolues par les seuls négociateurs", avertit M. Babaïev, se vantant de les avoir déjà portées "à l'ordre du jour politique avec les chefs d'État et les ministres dans tous les forums multilatéraux et bilatéraux", en particulier au G7 et au G20.
Au même moment, le patron de l'ONU Climat Simon Stiell a de nouveau encouragé les gouvernements du monde à "redoubler d'efforts pour prévenir" les catastrophes "plutôt que de se limiter à tenir la comptabilité du coût du carnage climatique".
Son appel, dans un message vidéo publié mercredi, a été enregistré sur son île natale de Carriacou, dévastée deux semaines plus tôt par l'ouragan Beryl, dopé par les températures records de l'Atlantique nord.
"Quand on se trouve ici, il est impossible de ne pas admettre l'importance vitale de fournir la finance climatique", a-t-il ajouté depuis cette île de la Grenade où près de 98% des bâtiments ont été détruits, notamment la maison de sa grand-mère, ou sévèrement endommagés.