Le Convoi de l'eau qui s'était établi depuis jeudi devant le siège de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne à Orléans, a levé le camp samedi matin pour prendre la direction de Paris, où une journée de revendication est prévue dans l'après-midi, a constaté un journaliste de l'AFP.
"On lève le siège", a lancé Julien Le Guet, le chef de file de Bassine non merci, une des organisations opposées aux bassines, ces réserves controversées d'irrigations agricoles.
Une délégation du Convoi de l'eau avait été reçue la veille, pendant plus de cinq heures, par Sophie Brocas, la préfète de la région Centre-Val de Loire et coordinatrice de bassin, pour réclamer sans succès un moratoire sur les projets de bassines en cours.
Le dialogue a notamment échoué sur le chantier de Priaires (Deux-Sèvres), où des grilles ont été installées, signalant, d'après la délégation, le début imminent des travaux.
Parti de Lezay (Deux-Sèvres) le 18 août, le cortège avait atteint jeudi soir le siège de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, après avoir sillonné Deux-Sèvres, Vienne, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret pour dénoncer "l'accaparement de l'eau" et son financement public.
"On a proposé le dialogue, ils l'ont refusé. (...) La bataille, on ne va pas la mener ici. On va la mener comme on sait la mener depuis des années, sur nos territoires, là où on est les plus forts", a insisté Julien Le Guet, sous les acclamations du public présent.
Membre elle aussi de la délégation, la porte-parole de la Confédération paysanne, Laurence Marandola, a reconnu "une forme d'échec" des négociations avec les autorités.
"On a le sentiment que le dialogue a été nié par l'Etat. (...) Le sens de ce convoi, c'était de ne plus revivre un Sainte-Soline. (...) Mais s'il y avait des violences à l'avenir, l'Etat en porterait la responsabilité", a-t-elle ajouté.
Absent dans la délégation, mais organisateur du Convoi, le porte-parole des Soulèvements de la Terre, Basile Dutertre, a estimé que "l'Etat a choisi une Sainte-Soline 3". "On se prépare d'ores et déjà à retourner à Sainte-Soline et Priaires. Visiblement, l'Etat a l'air déterminé à récidiver", a-t-il déclaré.
Ces méga-bassines visent à stocker en plein air de l'eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient.
Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations agricoles face à la menace de sécheresses récurrentes. Les opposants dénoncent, eux, un "accaparement" de l'eau par "l'agro-industrie" à l'heure du changement climatique.