Le musée des Beaux-Arts de Brest, fermé depuis le début de l'année en raison de moisissures menaçant ses oeuvres, ne rouvrira pas avant 2033 ou 2034, une fois les tableaux évacués et le musée rénové, a-t-on appris jeudi auprès de la mairie.
Découvertes pendant la fermeture hivernale, ces moisissures avaient empêché la réouverture du musée de Brest prévue le 1er février. Une vingtaine de tableaux sur les 190 exposés avaient été touchés, dont "L'Allégorie chrétienne", une huile sur toile du XVIIIe siècle de la peintre autrichienne Angelica Kauffmann.
Jeudi, la presse était invitée à assister au travail de restauration des oeuvres, qui sont décrochées, posées sur une table puis décadrées et soigneusement aspirées pour en retirer les moisissures.
"On découvre des moisissures en décadrant les oeuvres", a précisé Sophie Lessard, directrice du Musée des Beaux-Arts de Brest métropole.
Après analyses, des fongicides spécifiques sont utilisés pour traiter les oeuvres touchées.
"Les moisissures se développent dans de plus en plus d'institutions (...) elles font des tâches irréversibles qu'on ne peut cacher qu'en faisant de la retouche", a décrit la restauratrice Gwenola Corbin. "Elles peuvent traverser le revers et provoquer des soulèvements de couches picturales."
Les toiles doivent être traitées et surveillées, jusqu'à l'ouverture, en 2029, d'un pôle de conservation, au coût estimé à 9 millions d'euros, pour les 15.000 oeuvres du musée.
Le musée, construit en 1968 et mal ventilé, sera ensuite réhabilité et agrandi, une opération qui devrait prendre plusieurs années et se terminer "en 2033-2034 vraisemblablement", a déclaré Réza Salami, adjoint au maire chargé de la politique culturelle.
"Pour le moment, on sait qu'il va falloir mettre 30 à 40 millions d'euros pour requalifier le musée", qui devrait s'agrandir vers l'ancienne bibliothèque avoisinante, a-t-il précisé.
"On ne fait pas ça par plaisir. Mais, parce qu'avant tout, un musée a le devoir de préserver ses oeuvres afin de les transmettre aux générations futures", a ajouté l'élu socialiste.
Il a rappelé que de nombreux musées étaient touchés par le phénomène de moisissures, en France ou en Scandinavie, sans doute en lien avec le réchauffement climatique.
Ouvert en 1877, le musée de Brest avait vu la plupart de ses oeuvres détruites par les bombardements de juillet 1941.