Fast food et montée des océans: la planète s'invite aux municipales de Dolus d'Oléron

Son obstination, médiatisée mais vaine, contre l'implantation d'un McDo à Dolus d'Oléron pourrait coûter des voix à l'écologiste Grégory Gendre qui brigue un nouveau mandat: sur cette île secouée par les tempêtes hivernales, c'est l'érosion côtière qui inquiète d'abord les électeurs.

La montée annoncée du niveau des océans ne rassure pas les 3.270 habitants permanents de Dolus d'Oléron, petite île plate de Charente-Maritime, face à Rochefort.

"En terme de territoire, quasiment les deux tiers de la commune sont menacés par un phénomène de type Xynthia, soit +60 cm" de montée des eaux, prévient le maire, ancien porte-parole de Greenpeace.

Les scientifiques de l'université de La Rochelle ont calculé que depuis deux décennies le trait de côte oléronnais recule en moyenne de 10 mètres par an et jusqu'à 30 mètres par endroit. Le sud de l'île est même considéré comme la zone d'Europe la plus soumise à l'érosion.

Lors d'une réunion publique chez l'habitant, l'édile sortant de 42 ans propose de créer "un centre de recherche de défense littorale, une zone pilote d'aménagement du trait de côte" pour trouver des solutions contre l'érosion du cordon dunaire, qui protège la commune de l'océan à l'est et à l'ouest.

Ne croyant pas au "tout digues", il favorise des solutions douces, "ré-ensabler, recréer un récif sous-marin, une mangrove, dresser du bambou immergé pour saper la houle. On va plutôt vers la recomposition de la défense et une architecture adaptée au risque littoral derrière", résume le créateur en 2007 de l'association "Roule ma frite", qui recycle l'huile de friture en carburant.

Mais son opposante divers droite Carine Pajot va le chercher sur son propre terrain et dénonce les "big bags" (gros sacs) en polypropylène qu'il a fait installer sur la plage pour briser les vagues.

"Il les a remplis avec du sable de la dune, ça l'a forcément affaiblie et les bigs bags c'est une vraie erreur, ils se délitent en micro particules et créent une pollution", dit-elle.

- 'Petit jeune qui dérange" -

"L'enrochement n'est pas entretenu. Mais Grégory Gendre part du principe qu'il faut délocaliser, que la nature est plus forte", déplore de son côté le troisième candidat à la mairie, Thibault Brechkoff, lui aussi divers droite.

Cette inquiétude fait passer au second plan les années de conflit judiciaire que le maire a passées à tenter d'empêcher l'implantation chez lui du premier restaurant McDonald's de l'île.

Cela a commencé par un arrêté de refus de permis de construire, au motif que le restaurant allait créer un danger pour la circulation. Le tribunal administratif de Poitiers et la cour administrative d'appel de Bordeaux ont donné tort au maire, et le 26 décembre dernier, McDo a finalement ouvert ses portes, épilogue de cinq années de bataille judiciaire, très onéreuse pour la commune disent ses adversaires aux municipales.

L'affaire, qui attend encore le verdict du Conseil d'Etat, "pourrait faire du tort au maire", s'inquiète Marie-Christine, élégante retraitée qui soutient l'écologiste sortant. "Des gens sont remontés contre le maire parce qu'il est allé jusqu'au bout."

A quelques mètres, dans la salle de café où se tient la première réunion publique de Grégory Gendre, Jean-Marie estime que "McDo, c'est le seul cheval de bataille des autres candidats". "Mais c'est vrai que dans les têtes, ce sujet n'est pas totalement évacué", reconnaît-il.

A ses côtés, Jean-Louis convient que "Grégory est clivant, il dit ce qu'il pense". Du coup, "pour certains, c'est devenu une campagne anti-Gendre", redoute Élise.

Grégory Gendre joue la carte du "petit jeune qui dérange". Mais si "McDo l'a fait gagner en 2014, il pourrait bien le faire perdre en 2020", met en garde son adversaire Thibault Brechkoff.