Face à "une vie tellement chère", les Banques alimentaires lancent leur collecte

Dans un supermarché de Lormont, près de Bordeaux, une marée de bénévoles aux gilets oranges récupèrent boîtes de conserve, bouteilles d'huiles ou produits d'hygiène. Les Banques alimentaires lancent leur collecte nationale vendredi, en espérant que "la générosité sera au rendez-vous" malgré la crise.

Tout juste passée à la caisse, Denise Daney laisse dans un chariot dédié un sac en papier rempli de paquets de pâtes, de riz et de petits pots pour bébés.

"La vie est tellement chère que je comprends tout à fait, je me mets à leur place", déclare cette retraitée dont les dons sont rangés avec soin par des bénévoles de la Banque Alimentaire.

Enzo, volontaire de 16 ans, ne s'attendait pas "à ce que les gens soient aussi cools et généreux". Certains "s'approchent de nous naturellement", commente sa collègue Kimberley, 18 ans, petits prospectus explicatifs à la main.

Jusqu'à dimanche, ils seront 3.300 comme eux répartis dans 250 points de collecte du département, sur plus de 9.000 présents en France selon l'organisation, qui espère collecter au niveau national "23 millions de repas" entre le 25 et le 27 novembre.

Pour inciter à la générosité, un slogan choc: "Les Français adorent manger. 10% d'entre eux aimeraient juste pouvoir le faire".

Selon des chiffres de l'Insee publiés mardi, 3,2 à 3,5 millions de personnes en France ont recours à une aide alimentaire apportée par les associations. Et, les Banques Alimentaires recensent à elles seules une augmentation de 9% de fréquentation au premier semestre.

"Soit à peu près autant en six mois qu'auparavant en deux années de Covid", avait souligné la directrice du réseau Laurence Champier.

- Solidarité en temps de crise -

Toujours selon l'institut d'études statistiques, près d'un tiers des bénéficiaires "déclarent se coucher souvent ou parfois en ayant faim" alors que les parents choisissent de réduire leur part au profit de leurs enfants.

"En ce moment, on voit les notes qui augmentent concernant les paniers de courses donc comment fait celui qui n'a pas d'argent?", commente justement Eliane Dumanitre, retraitée.

Alors, "on est peut-être pas riches mais on mange à notre faim donc il faut penser à ceux qui n'ont rien pour vivre", ajoute-t-elle.

Malgré une baisse du pouvoir d'achat, "on espère que la générosité sera au rendez-vous", confie Valérie Bolze, présidente de la Banque alimentaire de Bordeaux et Gironde, qui a vu un nombre grandissant de bénéficiaires retraités, familles monoparentales, ou étudiants.

En plus de dons matériels, les volontaires pourront également effectuer un don dématérialisé à l'aide d'un bon d'achat à valider en caisse dans certains points de collecte ou encore via un don en ligne.

Motif d'espoir, l'année 2020, marquée par la crise du Covid-19, avait aussi été celle de la "meilleure collecte" de l'association en Gironde avec 420 tonnes de denrées collectées.

"En période de crise, on observe la solidarité à l'égard des plus précaires" appuie Valérie Bolze.

Bénévole depuis environ 20 ans, Bernard Lucas pense, lui, que les dons ont tendance "à s'équilibrer" ces dernières années. Néanmoins, il reste confiant. Derrière lui, un camion destiné à ranger toutes les denrées collectées ce vendredi. "Là le camion est vide, il faut qu'il reparte plein".