Le premier syndicat français, la CFDT, a lancé mardi un cri d'alarme sur le maintien de la sidérurgie en France, activité industrielle "en grand danger" de disparition selon l'organisation qui demande à l'Etat "une vraie politique industrielle".
"On a besoin d'une politique nationale, d'une vraie politique industrielle française et d'un programme d'investissement" dans la sidérurgie, a déclaré mardi la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon au cours d'une conférence de presse dédiée à la crise de la sidérurgie en France, et plus largement en Europe.
Sur les 10 dernières années, "la sidérurgie a perdu 100.000 emplois direct en Europe, sans compter les sous-traitants", estime Jean-Marc Vécrin, représentant national CFDT du sidérurgiste ArcelorMittal, qui a annoncé fin 2024 la suspension de ses investissements de modernisation et de décarbonation à Dunkerque en France où se trouve le plus grand haut fourneau d'Europe, et la semaine dernière, de ses investissements en Allemagne.
M. Vécrin dit "ne pas croire du tout" aux annonces médiatiques récentes d'ArcelorMittal portant sur un projet d'investissement de plus d'un milliard d'euros dans un four électrique à Dunkerque, qui ont besoin pour être validées d'être officiellement confirmées cet automne par le groupe.
"L'Etat doit assumer de prendre des participations dans les entreprises", a estimé Mme Léon.
Néanmoins la CFDT ne demande pas comme la CGT la nationalisation d'ArcelorMittal ou d'autres entreprises en difficulté.
Dans le domaine de l'acier en Europe, "une protection nationale peut aider mais n'est pas suffisante, car pour fonctionner, une usine française dépend d'une autre basée en Belgique ou en Allemagne", souligne Lionel Dores, délégué coordinateur central de la CFDT chez Aperam, entreprise spécialisée dans les aciers inoxydables, présent à la conférence de presse.
La sidérurgie "a besoin d'un renforcement des mesures de protection" aux frontières européennes "qui doivent être étendues aux produits aval" comme l'industrie automobile, a ajouté Mme Léon qui demande aussi une "évaluation" des aides publiques accordées aux entreprises du secteur.
Elle souhaite également un "levier" permettant de "privilégier" les entreprises européennes de sidérurgie dans les commandes publiques.
"Nous sommes souvent appelés pour être les pompiers et négocier les plans sociaux PSE, mais nous voulons dire que les salariés aussi peuvent être associés aux décisions stratégiques", a-t-elle ajouté.