Face à l'augmentation des températures, les villes encore mal adaptées

Face à la hausse des températures et à la multiplication des canicules, les villes françaises ont adopté tardivement des stratégies d'action qui restent partielles et à l'efficacité limitée, relève mardi la Cour des comptes, qui recommande de définir des "étapes à franchir" et des "objectifs à atteindre".

Le changement climatique a des conséquences majeures sur les populations urbaines en raison de l'augmentation des températures maximales en été, mais aussi de difficultés nouvelles d'approvisionnement en eau potable et d'un risque accru d'inondations, relève la Cour dans son rapport annuel, qui se concentre sur l'adaptation des villes à la hausse des températures.

La vulnérabilité est particulièrement prononcée à Paris, capitale européenne "la plus exposée en cas de canicule".

Confrontées à la multiplication d'épisodes météorologiques extrêmes, les villes ont adopté "tardivement" des stratégies d'adaptation au changement climatique, constatent les magistrats, mais ces dernières ne répondent "que partiellement" aux enjeux identifiés.

Ces stratégies sont inscrites dans des documents de planification locaux, notamment les "plans climat-air-énergie territoriaux" (PCAET) élaborés par les intercommunalités de plus de 20.000 habitants, mais le foisonnement de différents types de plans nécessite une "rationalisation".

Ces plans d'action s'appuient par ailleurs souvent sur des diagnostics incomplets, "qui prennent en compte insuffisamment les effets du changement climatique", ou qui manquent de données scientifiques.

De plus, les coûts associés aux mesures prises ne font pas l'objet d'un suivi suffisant et demeurent "mal connus".

Les auteurs appellent à la mise en oeuvre de trajectoires définissant "les étapes à franchir et les objectifs à atteindre" pour faciliter l'émergence de "transformations structurelles".

Pour s'adapter, les villes ont eu "largement recours à des mesures fondées sur la végétalisation", particulièrement efficace pour lutter contre les îlots de chaleur urbains.

La Commission européenne a proposé en 2023 que la surface du couvert arboré urbain atteigne "au moins 10%" dans les villes d'ici à 2050. En France, cet objectif représenterait "un investissement total de 3,6 milliards d'euros pour planter 2,4 millions d'arbres, soit un coût annuel de 360 millions d'euros", selon la Cour, qui juge cet effort "soutenable".

Le principal défi à relever pour végétaliser les villes concerne toutefois "la mobilisation du foncier privé".

Pour prévenir la "maladaptation" qui consisterait par exemple à voir se multiplier les climatiseurs individuels, qui augmentent les effets d'îlots de chaleur urbain par le rejet d'air chaud à l'extérieur, l'option du déploiement de réseaux de froid urbain pourrait être examinée, indiquent les auteurs.

Ils préconisent aussi d'associer davantage les communes à la planification locale ou d'établir une "programmation financière" des dépenses d'adaptation.