La forêt française, menacée par le réchauffement climatique, a besoin d'une diversité d'essences accrue pour assurer sa pérennité, selon un rapport communiqué à l'AFP vendredi par la société Reforest'Action, spécialiste des opérations de boisement et de reboisement.
"20% des forêts françaises sont touchées chaque année par des aléas abiotiques (incendies, sécheresses...) et biotiques (insectes ravageurs, champignons pathogènes...)", selon ce rapport, qui précise que "ces seuls derniers entraînent une perte annuelle de l'ordre de 2 milliards d'euros, soit plus que la valeur marchande du bois commercialisé en 2014".
"Il y a beaucoup d'essences avec beaucoup de maladies et ces maladies progressent avec le changement climatique, tout comme les tempêtes, les incendies, tout comme les zones de sécheresse, les coups de gel", résume, dans un entretien avec l'AFP, Stéphane Hallaire, président-fondateur de Reforest'Action.
Ce rapport, qui compile de nombreux travaux existants, vise à décrire "comment va être touchée la forêt dans ce contexte de changement climatique et comment mieux l'accompagner dans ces aléas", indique M. Hallaire.
"On aboutit à la conclusion que la diversité en forêt est le meilleur moyen d'augmenter la résilience de ces forêts", estime M. Hallaire.
Prenant l'exemple du scolyte, un coléoptère qui ravage depuis quelques années les pins maritimes des Landes, M. Hallaire explique: "Quand vous avez 40 hectares de pins maritimes, vous avez 40 hectares de nourriture pour le scolyte et il va aller d'arbre en arbre. Dans une forêt diversifiée, la progression des maladies se fait beaucoup plus lente, parce que le scolyte, il aime le pin, mais pas le chêne ou le bouleau".
Il voit dans cette diversité "un rempart à la propagation des maladies", susceptible d'augmenter les chances de l'exploitant forestier d'intervenir à temps.
En outre, "les prédateurs des insectes vont pouvoir trouver aussi un lieu de vie dans cette forêt et freiner, voire annuler, la progression" de certaines maladies.
Ce constat est le même, concernant des fléaux comme la chalarose du frêne (un champignon parasite), dont la propagation d'arbre en arbre pourrait être freinée par une plus grande diversité d'essences, selon le rapport.
Aujourd'hui, "plus de 80% des plantations qui sont faites en France" ne comportent qu'une seule espèce, déplore M. Hallaire.