Européennes: la gauche (presque) réunie contre le projet Europacity

Une parenthèse unitaire, dans une campagne marquée par la division de la gauche: à une semaine des européennes, Yannick Jadot, Ian Brossat et Benoît Hamon se sont retrouvés dimanche à Gonesse (Val-d'Oise) pour dire leur opposition au projet immobilier Europacity.

Réunis au milieu d'un champ du "Triangle de Gonesse" à l'appel du collectif qui lutte contre ce projet de centre commercial et de loisirs géant, les trois têtes de liste EELV, PCF et Générations pouvaient croiser d'autres candidats ou élus: Claire Nouvian, fondatrice de Place publique et candidate en queue de la liste conduite par Raphaël Glucksmann, Clémentine Autain, députée LFI, Delphine Batho, députée Génération écologie...

Tous se sont succédé à la tribune, devant quelques centaines de militants écologistes, pour fustiger un projet emblématique de la "société de consommation", accusé de détruire des terres agricoles et de fragiliser le commerce de proximité, tout cela au profit du "big business", comme a dit M. Jadot.

"Je pense que ce qui se joue ici (...) c'est la conception d'un modèle de développement: est-ce qu'on peut demain se préoccuper de la biodiversité, de la lutte contre le dérèglement climatique, et continuer à faire comme avant en matière de politique économique et libérale? Moi je considère que non", a déclaré à la presse M. Hamon.

Plus inattendu dans ce registre, le communiste Ian Brossat a lui aussi soutenu que "si on veut rendre service à l'environnement, il faut en finir avec l'artificialisation des terres et avec le recul des terres agricoles". "Un vieux philosophe allemand qui s'appelait Karl Marx disait: +Le capitalisme s'attaque avec la même férocité à l'homme et à la nature+. On en a un bel exemple ici", a-t-il lancé.

- Le PS absent -

Annoncé dans un premier temps, le député européen Pascal Durand (ex-EELV, candidat cette fois sur la liste LREM-MoDem) n'est finalement pas venu. Interrogé par l'AFP, M. Durand a mis en avant des "impératifs de campagne", mais affirmé avoir "réitéré par écrit" son "opposition à ce projet", qui est soutenu par le gouvernement.

Les socialistes étaient également absents, alors que le maire PS de Gonesse Jean-Pierre Blazy défend avec vigueur la construction du complexe.

"Ce rassemblement souligne les contradictions des uns et des autres. Nous avons un cas d'école, ça n'est pas le seul", a glissé à l'AFP le secrétaire national des Verts David Cormand, visant la liste PS-Place publique.

Auprès de l'AFP, Mme Nouvian a assumé sa présence: "Ici, on est au coeur de ce qu'on a rejeté dans nos combats communs (le pacte signé entre le PS et Place Publique, NDLR). On se bat contre l'artificialisation". La militante écologiste n'a pas caché au demeurant des divergences avec une partie du PS, Bernard Cazeneuve par exemple, avec qui elle n'a pas souhaité tenir meeting jeudi. "Je ne suis pas sur sa ligne !"

Ce moment d'union fugace préfigure-t-il des rassemblements futurs ? "Je souhaite que ce soit la campagne (et ses divisions) qui soit une parenthèse !", a répondu à l'AFP M. Brossat. Comme lui, beaucoup de responsables de gauche imaginent après le 26 mai la mise en place d'une fédération des différentes forces de gauche, partis mais aussi syndicats ou associations. "La voix gagnante, c'est la voix du rassemblement !", a-t-il insisté.

Parmi les simples militants, certains se réjouissaient de cette idée, d'autres se montraient plus sceptiques. "La présence de toutes ces têtes de liste, ça n'est pas sans lien avec le scrutin la semaine prochaine. Il y a un peu d'opportunisme", observait Florence, une sympathisante LFI de 49 ans.

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