Les promoteurs d'EuropaCity ont présenté vendredi une nouvelle version de leur projet controversé de mégacomplexe au nord de Paris, en pleine marche des opposants entre Gonesse et Matignon et alors que le gouvernement se penche sur le sujet.
"Je n'ose croire qu'il puisse arriver malheur à EuropaCity", prévient Marie-Christine Cavecchi, présidente LR du conseil départemental du Val-d'Oise qui promet une mobilisation d'ampleur : "Si c'est le cas, les bonnets jaunes et rouges, ça aura été de la gnognotte".
Comme elle, acteurs économiques et élus du territoire ont fait bloc vendredi pour défendre le projet d'aménagement du "triangle de Gonesse", qui doit accueillir EuropaCity. Ce vaste complexe de commerces et de loisirs doit s'implanter d'ici 2027 sur des terres agricoles dans le Val-d'Oise.
Un aménagement "essentiel" pour le département, qui "a toujours été le parent pauvre" de l'Île-de-France, ont-ils martelé d'une même voix.
Le promoteur a de son côté présenté une nouvelle version du projet, déjà retouché ces dernières années. Il y aura moins de surfaces commerciales, le projet sera "zéro carbone dès 2027", 4.000 arbres seront plantés et 80 hectares d'espaces naturels seront recréés en compensation, a énuméré Benoît Chang, directeur général d'Alliages et territoires.
Des annonces qui interviennent alors que la ministre de l'Environnement Elisabeth Borne a entamé une large concertation sur le mégacomplexe et reçu tous les acteurs depuis mi-septembre.
"Alors qu'on pensait que tout était sur les rails (...) il semble qu'à l'Elysée le dossier soit à nouveau regardé, pour des raisons plus politiques que rationnelles", a déploré vendredi, Jean-Pierre Blazy, le maire (PS) de Gonesse (Val-d'Oise), très favorable au projet.
Interrogé par l'AFP, le ministère assure simplement que la ministre, nommée cet été, "souhaite se faire son opinion personnelle sur le dossier, bien comprendre les positions des uns et des autres".
- Marche des opposants -
Des centaines de boutiques, une salle de concert, des hôtels de luxe, un parc d'attractions : Europacity, le plus gros investissement privé en France depuis Disneyland Paris, entend s'implanter sur un secteur agricole coincé entre les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et du Bourget.
Porté par Ceetrus, foncière du groupe Auchan, et le conglomérat chinois Wanda, réunis dans la société Alliages et territoires, ce projet à plus de 3 milliards d'euros est accusé par ses détracteurs de fragiliser les commerces de proximité et de détruire des champs, à rebours des préoccupations environnementales.
Au moment des annonces d'EuropaCity, une marche d'une centaine d'opposants a pris vendredi la direction de Matignon pour réclamer "l'abandon du projet". Ils doivent arriver samedi après-midi à Paris.
"Selon notre nombre, EuropaCity peut basculer du bon ou du mauvais côté", affirment les opposants.
Outre l'abandon du projet, ils réclament aussi le report du chantier d'une gare du métro du Grand Paris Express qui doit desservir la zone et l'organisation d'une concertation avec tous les acteurs du territoire.
Car, si EuropaCity cristallise les oppositions, l'aménagement du triangle de Gonesse prévoit aussi la construction de la gare et d'un quartier d'affaires.
Les opposants défendent un projet alternatif, Carma (Coopération pour une ambition rurale et métropolitaine d'avenir), pour faire des terres agricoles du triangle de Gonesse la "ceinture alimentaire" qui irriguera le futur Grand Paris en circuits courts.
"Le président de la République ne doit pas se tromper", insiste le maire de Gonesse. "Nous partageons l'urgence écologique, mais il y a aussi l'urgence des territoires".