Essais cliniques: les start up françaises dénoncent un risque de délocalisation

Les essais cliniques effectués par des entreprises françaises sont de plus en plus délocalisés à l'étranger à cause de "dysfonctionnements administratifs" en France, affirme France Biotech, association des start-up françaises dans le domaine médical, mercredi dans un communiqué.

"Ce décrochage français s'explique par des procédures d'évaluation et d'autorisation complexes, opaques et particulièrement lentes", juge France Biotech.

Une lettre ouverte co-signée avec d'autres organismes a été adressée mercredi à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pour "lutter contre la délocalisation des essais cliniques".

Les entreprises signataires pointent de "graves difficultés (...) en termes de retards dans l'évaluation et donc dans l'autorisation et le démarrage effectif des essais cliniques en France".

Ces "retards" ont deux conséquences, selon la lettre. D'abord, "les entreprises françaises réalisent majoritairement leurs essais cliniques à l'étranger". Ensuite, "nombre d'entreprises étrangères, qui faisaient jusqu'à présent appel à l'excellence française en matière d'investigation clinique, s'en détournent pour, elles aussi, conduire leurs essais dans les pays voisins".

La lettre ouverte est co-signée par l'AFCROs (association de prestataires de services en recherche clinique et épidémiologique), le DITEP (Département innovation thérapeutique et essais précoces du centre anticancer Gustave Roussy) et le Club Phase I (association de professionnels du développement précoce des médicaments).

Dans un rapport publié en février, la Fédération française des industriels du médicament (Leem) avait estimé que la France maintenait globalement ses positions dans les essais cliniques internationaux.

Selon ce rapport, l'Hexagone accueillait 10% des études cliniques internationales sur de nouveaux médicaments sur la période observée 2014-2015, au même niveau que lors de l'enquête précédente qui portait sur 2012-2013.

Une étude commandée par France Biotech donne des résultats plus alarmistes. Selon cette étude, 68% des essais cliniques mis en oeuvre par les principales entreprises françaises de nouvelles technologies de santé sont effectués à l'étranger (contre 11% pour les États-Unis ou 54% pour le Royaume-Uni).

Dans son panorama annuel publié mardi soir, France Biotech a en revanche estimé que la France était "bien positionnée" au niveau européen en ce qui concerne les aides publiques et l'accès aux marchés financiers pour ces entreprises.