Une "simple mesure technique", des retards dont il faut "tirer des leçons"... Sous les présidences Sarkozy, Hollande et Macron, les gouvernements successifs n'ont cessé de critiquer et expliquer les retards du chantier du réacteur nucléaire EPR de Flamanville, dont les travaux ont, en dépit des remontrances, pris plus de dix ans de retard.
- 25 novembre 2009 : premiers retards en vue -
Fin 2009, les travaux commencent à prendre du retard. Le Premier ministre François Fillon visite le chantier aux côtés du nouveau patron d'EDF, Henri Proglio.
Les délais seront "tenus" pour que "le démarrage ait bien lieu en 2012", soutient alors François Fillon. "Nous avons confiance en l'EPR !", ajoute-t-il.
- 20 juillet 2011 : "une mesure technique" -
Déjà reportée à 2014, la date de mise en service passe à 2016: EDF a dû réévaluer les travaux. En 2011, deux salariés décèdent, tous les deux d'une chute.
"Ce nouveau calendrier est une simple actualisation de l'ancien", écrit le ministre de l'Industrie Éric Besson dans un communiqué, en concluant qu'"il s'agit d'une mesure technique".
- 24 septembre 2015 : fin d'une promesse -
En 2015, une anomalie est détectée sur la cuve et des défauts de soudure sur le réacteur.
François Hollande, qui s'était engagé à fermer la centrale de Fessenheim "à la fin de l'année 2016" est interrogé par Le Parisien sur la date effective de cette fermeture. "En 2016, non, car la construction de l'EPR de Flamanville a pris beaucoup de retard", répond le président de la République.
- 25 janvier 2017 : 2018, "peut-être un peu plus" -
La fermeture de la centrale de Fessenheim "sera définitive quand (l'EPR de) Flamanville ouvrira", c'est-à-dire en "2018, peut-être un peu plus parce que Flamanville a pris du retard", déclare sur BFMTV Ségolène Royal, ministre de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer.
Il convient désormais selon elle de comparer le coût du nucléaire à celui des énergies renouvelables, "qui est en train de baisser".
- 13 avril 2018 : pas question de s'accommoder des retards -
EDF annonce des défauts de soudure et lance une expertise. Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, répond à une question de Barbara Pompili, alors députée LREM, devant la commission d'enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires.
"Si les derniers événements devaient repousser de plusieurs années l'ouverture de Flamanville, vous pensez bien que je ne m'accommoderai pas de cette situation", répond le ministre.
- 10 septembre 2018 : l'EPR mis en doute -
Fraîchement nommé ministre de la Transition écologique, François de Rugy est interrogé par Le Monde sur la nécessité de construire un nouvel EPR.
"Il faudrait déjà qu'EDF fasse la démonstration que l'EPR fonctionne, ce qui n'est pas encore le cas. Personne n'est capable de garantir sa date de mise en service", répond le ministre.
- 29 septembre 2019 : un audit commandé -
En juillet 2019, EDF annonce que la mise en service du réacteur "ne peut être envisagée avant fin 2022" car il faut réparer huit soudures. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire annonce sur LCI et RTL qu'il a demandé un audit.
"Toutes ces dérives sont inacceptables", déclare-t-il. "Elles ne sont pas à la hauteur de ce que EDF représente et de l'expertise française en la matière."
- 12 janvier 2022 : EDF doit "tirer des leçons" -
EDF vient d'annoncer que la date de chargement du combustible est décalée "au second trimestre 2023".
Le gouvernement veillera à ce qu'EDF "tire les leçons des différents retards", assure le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l'issue du Conseil des ministres. Il y sera "vigilant", avec l'objectif d'"améliorer le processus industriel", soutient-il.