EPR de Flamanville: calendrier confirmé mais "tendu", selon le PDG d'EDF

Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, a confirmé vendredi le calendrier du démarrage du futur EPR de Flamanville (Manche) mais l'a jugé "tendu", comme l'avait fait l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en début de semaine.

"L'année 2018 nous amènera, c'est notre objectif, à faire en sorte que nous puissions charger le combustible nucléaire dans la cuve au mois de décembre", a dit Jean-Bernard Lévy à des journalistes sur le site du futur réacteur nucléaire.

"C'est un calendrier tendu, nous y sommes habitués", a-t-il reconnu. "C'est un calendrier qui est tendu... aussi dans la partie de l'approbation des différents documents qui nous permettront de procéder au chargement du combustible en fin d'année", a insisté le patron d'EDF.

Ces déclarations font écho aux propos du président de l'ASN, Pierre-Franck Chevet, qui avait déjà jugé lundi le calendrier de l'EPR "tendu", en soulignant par ailleurs que "ça sera le calendrier de sûreté qui s'imposera".

EDF prévoit de démarrer l'EPR de Flamanville fin 2018, pour une mise en service commerciale en 2019.

Mais il doit auparavant obtenir le feu vert de l'ASN, avec deux phases: la mise en service partielle au moment où le combustible arrive sur le site, puis une autorisation pour l'introduction du combustible dans la cuve.

Le chantier de construction de ce réacteur a accumulé les déboires et les retards depuis son lancement en 2007. Son coût est aujourd'hui estimé à 10,5 milliards d'euros.

"Le gouvernement fait confiance à l'exploitant puisque c'est le métier de l'exploitant de dire quand se termineront les travaux. Ensuite il y aura le métier de l'ASN qui est de dire quand la mise en service peut se faire", a de son côté déclaré Sébastien Lecornu, secrétaire d'Etat à la Transition écologique et solidaire.

Ce dernier a visité le chantier de l'EPR vendredi après s'être rendu la veille sur le site voisin de retraitement du combustible usé d'Orano (ex-Areva) à La Hague.

L'entrée en service de l'EPR conditionne également la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), qui comprend deux réacteurs.

La question du nucléaire est cruciale pour la France, qui veut ramener sa part dans la production électrique d'environ 75% actuellement à 50% d'ici à 2030 ou 2035, après avoir abandonné l'horizon 2025, jugé irréaliste.

La France est actuellement en train d'élaborer sa feuille de route énergétique (la Programmation pluriannuelle de l'énergie, PPE) pour les années 2019-2023 ainsi que des orientations à 2028.

Après la fermeture programmée de la centrale de Fessenheim, EDF a indiqué cette semaine ne pas souhaiter arrêter d'autres réacteurs nucléaires avant 2029.

"Chacun doit rester à sa place", a réagi vendredi Barbara Pompili, présidente (LREM) de la Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale, en marge de la visite de l'EPR.

"Ce n'est pas à un opérateur ou à des experts de décider de la politique énergétique de notre pays. C'est le rôle du gouvernement et c'est le rôle du peuple français et de ses représentants", a-t-elle estimé.

Sébastien Lecornu avait aussi souligné jeudi que "la politique énergétique est une prérogative du gouvernement" et que "ce n'est pas une entreprise qui fixe ça".

Il a plaidé pour une "relation plus mature entre EDF et l'Etat", qui détient 83,5% de l'électricien.

jmi/soe/fm

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