Que ce soit au niveau national ou local, les consultations pour mettre en place de nouvelles règles pour l'épandage des pesticides près des habitations risquent de conduire à un "statu quo désastreux", a dénoncé jeudi l'ONG Générations Futures.
Un projet d'arrêté ministériel prévoit notamment de fixer à cinq ou dix mètres, selon les cultures, la distance minimale entre les habitations et les zones de pulvérisation des produits phytosanitaires chimiques.
Le gouvernement a promis de tenir compte des plus de 50.000 avis recueilli lors de la consultation publique avant de publier les textes définitifs pour une entrée en application au 1er janvier 2020.
Sans attendre, comme le prévoit la loi Alimentation récemment adopté et le projet d'arrêté, les représentants agricoles ont commencé l'élaboration de "chartes d'engagements", dont plusieurs ont déjà été signées et qui doivent se substituer au futur cadre national.
Mais selon les premières analyses de Générations Futures, ces chartes n'apporteraient aucune "valeur ajoutée". "Nous sommes très déçus, sur la forme comme sur le fond", a déclaré à l'AFP son directeur François Veillerette, dénonçant le manque de concertation avec les riverains et les ONG, pourtant prévue.
En matière de distance, "c'est le minimum du minimum et il n'y a pas d'autres actions réellement protectrices mises en place", a-t-il ajouté.
L'ONG réclame notamment des mesures plus fortes en terme d'information du public avant les pulvérisations des pesticides. Elle plaide également pour une distance minimale de 100 à 150 mètres selon les cultures entre épandage et habitations, alors que le projet d'arrêté prévoit que les chartes, sous conditions, puissent réduire la distance à 3 et à 5 mètres.
Dans ces conditions, les pouvoirs publics s'ils "ne prennent pas la mesure de l'échec en cours et s'ils n'impulsent pas de réelles mesures de protection vis-à-vis des populations exposées, risquent d'être confrontés à un statu quo désastreux", insiste Générations Futures.
Sur saisine de cette ONG et d'une autre, le Conseil d'État avait partiellement annulé en juin un arrêté de 2017 relatif à l'utilisation des pesticides, estimant qu'il ne protégeait pas suffisamment la santé des riverains.
Si les textes en consultations n'évoluent pas, Générations Futures pourrait saisir à nouveau le Conseil d'État, a indiqué M. Veillerette.