Les agriculteurs demandent l'arrêt des surtranspositions de normes européennes afin d'arriver à la souveraineté alimentaire.
©Valentine Chapuis/AFP
Environnement

Écologie : 5 minutes pour tout comprendre à la colère des agriculteurs

Les agriculteurs font parler d'eux ce lundi 22 janvier. Depuis le siège de l'autoroute A64, ils appellent le gouvernement à baisser des normes qu'ils jugent trop restrictives. ID a contacté le syndicat Jeunes Agriculteurs.

"On est sur la paille", "pas de pays sans paysans", "on vous nourrit mais nous on crève"... autant de slogans visibles ce lundi 22 janvier sur les tracteurs et autres engins agricoles . La colère envahit les agriculteurs dans toute l’Europe depuis des semaines, et elle explose ces derniers jours dans notre pays. Certains font siège depuis quelques jours sur l’autoroute A64 entre Toulouse et Bayonne. L’effet boule de neige est lancé cet après-midi : l’A62 et l’A9 sont également bloquées.

Les revendications des agriculteurs sont multiples et concernent majoritairement des questions économiques. Outre les accusations d’engraissement des industriels sur leurs dos, plusieurs règlementations françaises ou européennes en matière d’écologie sont pointées du doigt.

Des restrictions trop lourdes pour les agriculteurs 

Pierrick Horel est le secrétaire général du syndicat Jeunes Agriculteurs, un des organisateurs du mouvement de contestation. Interrogé par ID, il dresse la liste des revendications liées aux questions écologiques : "ce que l’on demande au Premier ministre ce soir concerne l’IED (directive relative aux émissions industrielles) européenne". Elle prévoit de baisser les seuils de ce qui est considéré comme un élevage industriel. Des élevages de taille plus modeste qui n’étaient pas concernés seront considérés comme des industries, avec toutes les réglementations que cela implique. "On aimerait que la France revoie cette mesure et embarque ses copains européens avec elle" espère Pierrick Horel.

Une autre demande concerne la carte des zones humides. Selon le syndicaliste, cette carte des zones qui ne peuvent plus être exploitées ni pâturées pose problème aux agriculteurs. La question du volume de prélèvement d’eau se pose aussi : "Après la canicule de cet été, nous avons connu de fortes inondations à l’automne. Mais nous n’avions pas le droit de stocker cette eau car la loi veut qu’il faille attendre 15 jours après que l’eau soit remontée au niveau adéquat" se désole Pierrick Horel.

Sur la viande enfin, il considère que "la France dispose d’un cheptel qui doit être exploité différemment". Le jeune éleveur juge que les élevages peuvent aider à conserver les prairies et s’interroge : "Quand le gouvernement parle de souveraineté alimentaire, est-ce qu’il entend souveraineté de la France ou avec des pays d'Asie ou d'Amérique centrale ?". 

Des solutions qui se veulent en accord avec la transition écologique

Plutôt que d’entrer en opposition avec les normes liées à la transition écologique, les agriculteurs souhaitent faire davantage partie du débat. "Nous aimerions être pris en compte dans les discussions sur la planification écologique, afin que le plan qui sera mis en place soit en accord avec la réalité de chacun" explique Pierrick Horel. 

Le syndicat souhaite que les eaux des inondations soient récupérées plus rapidement afin de désengorger les sols et de faire tourner l’hydraulique, pour éviter une "perte sèche". Il aimerait également que les nouvelles exploitations s’adaptent au changement climatique. Concernant les zones humides, il "ne veut pas tout abîmer mais une discussion avec les agriculteurs" est nécessaire. Enfin, l’éleveur encourage à consommer local plutôt que d’importer de la viande de pays qui ne respectent pas nos normes : "je ne souhaite pas donner à nos enfants ce qu’on ne donnerait même pas aux animaux en France". 

Des réactions immédiates dans la classe politique 

Plus que des ajustements du monde agricole, les écologistes considèrent que le modèle de l’agriculture tel qu’on le connaît doit être modifié, car il est trop polluant. Pour continuer à se nourrir en rémunérant les agriculteurs, "il ne faut pas produire moins, mais différemment, avec moins d’impact sur l’environnement et d’autres sources de revenus". C’est ce qu'exprime la députée EELV (Europe Écologie Les Verts) Sandrine Rousseau ce matin sur Sud Radio

Elle rappelle que "70% des terres agricoles mondiales servent à l’élevage" alors qu' "un kilo de bœuf utilise 13 000 litres d’eau", ou encore qu'"on n’arrive pas à diminuer les pesticides (...), un des piliers de l'agriculture en France. Cela n'est pas possible". La députée rejoint les syndicats sur les problématiques des revenus, accusant les industriels et les enseignes de grande distribution de s’enrichir en laissant peu de part aux petits agriculteurs.

Le Premier ministre Gabriel Attal recevra en fin de journée les syndicats agricoles . Il s’est déjà déplacé au contact des agriculteurs, de même que le président du Rassemblement National Jordan Bardella. Entretemps, le gouvernement a suspendu  hier le projet de loi sur l’agriculture. Le ministre de l’agriculture Marc Fesneau déclarait au Grand Jury sur RTL/Paris Première/M6/Le Figaro : "Donnons-nous quelques semaines". Ce vendredi, Emmanuel Macron a également demandé aux préfets d'être à l'écoute des agriculteurs.

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