Des voix s'élèvent pour appeler à repenser notre rapport à la montagne.
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Environnement

Crise sanitaire: l'occasion de repenser les sports d'hiver?

Depuis un an, la crise sanitaire remet en question bon nombre d'évidences. À l'aune de cette situation, l'on découvre parfois les enjeux sous-jacents à certaines activités humaines. Cet hiver, par exemple, pas de ski en France. Et si c'était l'occasion de repenser ce loisir, qui n'est pas sans conséquence sur l'environnement ?

Une année blanche pour les stations de ski, à l’arrêt à cause de la crise du Covid-19 qui dure depuis maintenant un an. Malgré ce contexte, une partie des vacanciers est tout de même au rendez-vous, et faute de remontées mécaniques, elle a jeté son dévolu sur d’autres passe-temps : ski de randonnée, raquettes… Les professionnels de la montagne se trouvent donc contraints de valoriser certaines de ces activités, pour tenter de sauver les meubles de leur saison 2020-2021. Pour motif économique donc. Mais pourrait-on songer à de telles concessions pour motif écologique ? Sans aller jusqu’à un arrêt total des activités, l’on pourrait imaginer veiller à ce qu’elles soient plus raisonnées. C’est l'idée que certaines voix qui se sont élevées cet hiver ont voulu soumettre à débat.

Dans The Conversation, Romain Garrouste, chercheur en écologie au Muséum d’Histoire Naturelle, espère que les loisirs comme le ski de fond annoncent « un nouveau rapport à la montagne, […] moins dépendant des aménagements destinés à la pratique du ski alpin ». En janvier dernier, des acteurs de la montagne et des élus de la région Auvergne–Rhône-Alpes, dont Eric Piolle, maire EELV de Grenoble, ont signé une tribune intitulée « Pour vivre en harmonie avec la montagne », plaidant pour une transition dans notre manière de concevoir la montagne. En somme, un rapport plus durable à celle-ci, car les sports d’hiver, en particulier le ski alpin, pèsent lourd sur ses écosystèmes. Très consommateur en eau, dans le cas où la neige manque et doit être fabriquée, responsable d’une artificialisation des terrains et de l’érosion des pentes fortes, d’une urbanisation qui modifie les paysages, d’une pollution sonore, de l’air et des sols, le ski alpin apporte son lot d’aménagements à un environnement fragile.

Une nouvelle demande verte

Cet hiver, la quasi absence de skieurs met ainsi en évidence la richesse de la faune qui évolue, parfois même au sein des plus grands domaines skiables. De l’aveu de l’Office français de la biodiversité (OFB), il est trop tôt pour mesurer l’impact de cette chute de l’activité humaine sur les animaux. Du reste, la moindre pollution sonore et la baisse des dérangements occasionnés par les passages répétés des skieurs ont dû desserrer la pression sur le milieu naturel et ses habitants. Le « monde d’après » sera semble-t-il soumis aux impératifs de la reprise économique, et il est probable que cette parenthèse paisible n’excède pas la durée de la crise sanitaire. Cependant, les organismes de défense de l’environnement ne perdent pas espoir de pouvoir concilier l’activité humaine en montagne avec la bonne santé des écosystèmes. La sensibilité croissante de l’opinion aux enjeux climatiques et environnementaux laisse présager qu’un terrain d’entente est possible.

Pour Justine Coulombier, chargée de projet pour le Parc national de la Vanoise, un changement est à l’œuvre, en partie grâce aux mutations de l’opinion publique, qui créent une nouvelle demande « verte » à laquelle les acteurs de la montagne doivent s’adapter. En charge du programme européen Birdski, qui prévoit la mise en place sur les domaines skiables de zones de tranquillité pour des espèces d’oiseaux protégées, elle fait état du succès du dispositif et de la bonne volonté des stations de ski pour le mettre en œuvre. « On est sur la bonne voie », estime-t-elle, ajoutant que « les professionnels y mettent du leur. » Sans compter que le réchauffement climatique menace, à moyen terme, la possibilité de pratiquer les activités de montagne faute d’enneigement suffisant. Un dernier argument, et pas des moindres, pour justifier une transition vers d’autres sports d’hiver.

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