Environnement: des "lacunes persistantes" sur les chantiers d'envergure, pointe une autorité indépendante

En dépit d'"améliorations", certains projets d'envergure dans les transports, l'industrie ou l'urbanisme présentent des "lacunes persistantes" sur la protection de la nature, a estimé mardi l'Autorité environnementale dans son rapport annuel.

Si "la qualité des études d'impacts" sur l'environnement et la biodiversité "s'améliore", le "choix de certains sites peut encore occasionner des dommages intrinsèques", notamment quand ils sont situés dans des zones naturelles, a pointé Laurent Michel, le président de l'Autorité environnementale, lors d'une visioconférence.

Ainsi sur le photovoltaïque, "pourquoi tant de développements de projets se font-ils encore sur des surfaces naturelles et agricoles et pas sur des surfaces déjà artificialisées", s'est interrogée Véronique Wormser, présidente d'une des missions régionales d'autorité environnementale.

"Tant que le premier critère de choix pour une implantation restera la disponibilité foncière, (...) on aura du mal à atteindre certains objectifs" environnementaux, comme le zéro artificialisation nette (ZAN), a-t-elle ajouté.

Parmi les lacunes: des aires d'études "inadéquates", certains enjeux "sous-estimés" et "des incidences (...) mal évaluées", indique le rapport 2023 de cette autorité administrative, chargée de rendre des avis sur les projets susceptibles d'affecter l'environnement.

"L'acuité de ces lacunes se révèle en particulier" sur les "projets d'ampleur" correspondant aux "stratégies et objectifs nationaux de réindustrialisation et transition énergétique" du gouvernement : "construction d'importantes usines ou réalisation d'aménagements portuaires conséquents, générant des besoins d'infrastructures", indique-t-il.

En 2023, l'Autorité s'est notamment prononcée sur la construction de deux réacteurs EPR2 à Penly (Seine-Maritime) ou sur l'agrandissement du port de Dunkerque.

Néanmoins, son président se félicite que la prise en compte des émissions de gaz à effet de serre de ces chantiers d'envergure "soit de plus en plus une préoccupation des maîtres d'ouvrage".

Il constate aussi un "mieux" sur la biodiversité, même si "les mesures compensatoires ne sont parfois pas très précises" et trop court-termistes.

Les enjeux liés à l'eau "ne sont pas toujours bien appréhendés", regrette l'Autorité, "dans un contexte climatique où les sécheresses et inondations ont des conséquences de plus en plus importantes, où la qualité et la disponibilité des eaux souterraines et superficielles connaissent des évolutions préoccupantes".

"Les contaminations par certains polluants spécifiques, comme les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), ou les substances médicamenteuses, sont rarement abordées, ou de manière imprécise" et "les incidences des activités agricoles sur la ressource en eau (...) restent encore appréhendées de manière disparate, voire inappropriée", ajoute-t-elle.