Entraîneurs, arbitres, trésoriers... les bénévoles sont les piliers de la pratique sportive en France mais ils se raréfient, en raison d'un manque de reconnaissance mais aussi d'une évolution des formes d'engagement.
Quelque 3,5 millions de personnes oeuvrent bénévolement dans les 360.000 associations sportives du territoire, dont 86% fonctionnent uniquement avec des bénévoles.
Ces derniers "font vivre nos associations, vibrer nos clubs, respirer nos territoires. L'État doit être à leurs côtés pour lever les obstacles, simplifier les démarches, faciliter leur engagement", a souligné la ministre des Sports Marina Ferrari, vendredi, à l'occasion de la journée internationale du bénévolat et du volontariat.
Car depuis plusieurs années, et encore plus depuis le Covid, le bénévolat connaît "un petit peu d'essoufflement", résume Amélie Oudéa-Castéra, présidente du Comité olympique et sportif (CNOSF).
Pour le "revitaliser et attirer de nouvelles générations", elle a présenté vendredi un "plan d'action" visant une meilleure reconnaissance de cet engagement dans les parcours professionnels et les droits à la formation.
Sur le terrain, d'une structure à une autre, petit club comme grande fédération, le ressenti est souvent le même: "on n'a aucun problème pour le bénévolat ponctuel, mais là où ça va être parfois pas évident, c'est lorsqu'on demande à des gens de prendre plus de responsabilités", explique à l'AFP Audrey Boiron, présidente bénévole de l'association sportive Aboi, dans la Sarthe, qui compte 11 salariés pour plus de 120 bénévoles.
- Plus d'"individualisme" -
Lorsqu'elle est rentrée dans la structure il y a une dizaine d'années, cette professeure des écoles dit n'avoir "pas eu l'impression qu'on avait autant de mal à trouver du monde pour remplacer le président sortant, le trésorier, ou la secrétaire" d'une section sportive -l'association en compte aujourd'hui 18 (natation, basket, triathlon, tennis de table..), pour un peu plus de 1.300 licenciés.
"On n'a plus le bénévole qui est là du 1er juillet au 30 juin", renchérit Jordan Roux, vice-président territoires et filières jeunes à la Fédération française de rugby (FFR). Il évoque une "mutation" du bénévolat, qu'il faut plus "valoriser", par exemple via des processus de formation.
"On a des difficultés à trouver des nouveaux financements publics: quand on vous demande en tant que bénévole de faire un dossier de 50 pages pour obtenir 500 euros de subventions, le bénévole ne fait plus le dossier, donc on se retrouve avec les associations les plus structurées qui touchent le plus de subventions publiques", explique-t-il.
Les raisons de ce désengagement? Une société "avec une forme d'individualisme plus marqué", où on est "un petit peu plus dans de la consommation", et où il est "plus difficile de trouver quelqu'un qui va accepter de passer du temps gratuitement", résume Denis Lafoux, membre du bureau exécutif du Cosmos, première organisation patronale de la branche sport.
- "Réenchanter le bénévolat" -
Il rappelle que les postes d'entraîneurs, d'éducateurs ou d'animateurs sont "principalement historiquement occupés par des bénévoles". Mais aussi que "la mixité de statuts dans l'encadrement sportif fait que certains bénévoles s'interrogent et se disent que finalement, ils passent autant de temps que l'éducateur salarié et que la seule différence, c'est qu'ils ne sont pas rémunérés".
Mais Denis Lafoux estime qu'il est possible de "réenchanter le bénévolat", en aidant clubs et associations "à mieux se structurer, se développer, se regrouper". Et, au rayon des bonnes nouvelles, il met en avant le fait que le profil des nouveaux bénévoles est "un peu plus jeune, et on commence à voir poindre un peu plus de présence féminine".
Pour la Sarthoise Audrey Boiron, la question de la "valorisation" de l'engagement est également essentielle, et elle doit déjà passer par une meilleure connaissance des dispositifs existants: comme le droit à une réduction d'impôts pour les frais (kilométriques par exemple) engagés par les bénévoles, ou la validation dans Parcoursup d'une activité bénévole effectuée par un lycéen.
"Nos bénévoles sont vieillissants. Si on veut les renouveler et si on n'apprend pas à nos jeunes à donner de leur temps sans contrepartie, ça va être compliqué pour trouver des bénévoles plus tard", juge-t-elle.