Engluée dans une crise lancinante des déchets depuis plusieurs décennies, la Corse a adopté jeudi soir un plan de gestion visant à augmenter significativement le tri afin d'éviter le débordement de ses centres d'enfouissement.
"La Corse était en 2021 la première région métropolitaine en termes de production de déchets ménagers et assimilés par habitant", a rappelé dans un rapport publié le 11 juillet la Chambre régionale des comptes.
Or l'île méditerranéenne de 340.000 habitants ne dispose que de deux centres d'enfouissement à Viggianello (Corse-du-Sud) et Prunelli-di-Fiumorbo (Haute-Corse) qui arriveront bientôt à saturation.
"Nous débattons sur un volcan, sur une situation non résolue qui risque de nous conduire dans deux ans à une situation de crise majeure et irréversible", a souligné le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, lors d'un débat à l'Assemblée de Corse jeudi soir.
Dans la foulée, l'Assemblée a finalement adopté un Plan territorial de prévention et de gestion des déchets avec les 48 voix (sur 63 conseillers territoriaux) de Fà Populu Inseme, groupe autonomiste de la majorité territoriale, et de Un Soffiu Novu, groupe de droite.
La Corse était jusqu'ici le seul territoire à ne pas être dotée d'un tel plan, malgré une loi de 2015 confiant la compétence de planification de la gestion des déchets aux régions.
Selon le président de l'Office de l'Environnement de la Corse (OEC), Guy Armanet, le plan a comme "épine dorsale" le tri à la source, très peu développé jusqu'ici sur l'île comparé "aux valeurs et moyennes françaises et européennes".
"Le minimum imposé par la réglementation représente déjà un effort de baisse des tonnages et de hausse du recyclage bien au-delà de ce qu'aucune région n'a jamais observé dans un délai si court", a-t-il ajouté, notant que cela implique pour l'île une "baisse de 90% des tonnages enfouis à horizon 2035".
Le plan adopté prévoit, en outre, d'étudier la possibilité de recours à la "valorisation énergétique" pour une partie des déchets résiduels, ce qui hérisse nombre d'associations de défense de l'environnement.
Cette valorisation énergétique devrait prendre la forme d'une centrale à biomasse qui pourra fonctionner au bois ou en brûlant des Combustibles solides de récupération (CSR, déchets) et permettra de "produire de l'électricité".
En début de semaine, le collectif Corsica Pulita - composé de 17 associations corses de défense de l'environnement et des deux collectifs antimafia - avait déploré que l'opportunité d'un recours à la filière CSR/incinération soit actée "sans études de faisabilité pour en mesurer l'impact en aval (pollution de l'air et de la terre)".
Cette voie "amène la Corse dans le mur pour la rendre entièrement dépendante d'intérêts privés et mafieux", avait-il ajouté menaçant de saisir la justice.