Encore sous-médiatisé, le sport féminin sera sous les projecteurs ce week-end

Si elle a progressé ces dernières années, la médiatisation du sport féminin reste faible, constatent les organisateurs de l'opération "Sport féminin toujours" prévue ce week-end, qui vise à donner plus de visibilité aux sportives pour in fine inciter davantage de femmes à pratiquer un sport.

En 2012, le sport féminin comptait pour seulement 7% des retransmissions sportives dans les médias. Cela a progressé ces dernières années pour atteindre entre 14 et 18% en 2016, a indiqué la conseillère au CSA chargée de l'opération Nathalie Sonnac, lors d'une conférence de presse mardi.

L'objectif pour 2020: "dépasser le seuil symbolique des 20%", espère-t-elle, grâce au week-end de mobilisation médiatique des 1er et 2 février, mais aussi parce que ces programmes sont de plus en plus rentables.

Lancée en 2014, l'opération "Sport féminin toujours" est organisée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), le ministère des Sports et le secrétariat d'Etat chargé de l'Égalité entre les femmes et les hommes.

En 2019, plus de 30 chaînes de TV et une dizaine de radios, locales et nationales, avaient oeuvré à cette mise en avant du sport féminin, une participation qui devrait être similaire cette année.

"Je constate qu'au bout de cinq ans les lignes ont bougé (...) mais on ne peut pas s'arrêter là. La question du sport féminin sur nos antennes, ce n'est pas qu'une seule question sportive. C'est surtout la question de la place des femmes dans la société", estime Nathalie Sonnac.

Depuis la médiatisation en 2012 de la boxe féminine, à l'occasion de son entrée aux JO, il y a eu 30% de hausse des inscriptions sur ce sport, dit-elle, y voyant "une corrélation positive entre l'exposition à la télévision et la pratique sportive".

"Notre objectif, c'est d'inciter plus de femmes à pratiquer un sport", abonde la ministre des Sports Roxana Maracineanu.

"On est au tout début du chemin car l'égalité d'accès à la pratique, aux fonctions de dirigeante, d'arbitre n'est pas encore naturelle", a-t-elle déploré, lançant un appel à tous les diffuseurs à faire plus de place aux femmes sur leurs antennes, et pas seulement ce week-end.

- "Désengagement" -

"Je tiens à dénoncer le désengagement de certaines chaînes de télévision qui ont préféré cette année abandonner la diffusion de certains sports féminins", a-t-elle regretté. Une référence notamment à BeIN Sports, ancien diffuseur du handball féminin, qui n'a pas trouvé d'accord pour reconduire la diffusion.

Le handball féminin, comme le volley dames et messieurs, est aujourd'hui visible sur la chaîne "Sport en France", créée en mai par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) pour donner de la visibilité aux petites disciplines olympiques.

La ministre veut lancer prochainement un fonds de dotation au sport féminin pour financer la retransmission des compétitions, en espérant que ces images mises gratuitement à disposition soient reprises par le plus de chaînes possibles.

La chaîne gratuite "Sport en France", disponible sur la plupart des plateformes et actuellement en discussion avec CanalSat, diffusera "une centaine de reportages au premier semestre" selon le président du CNOSF, Denis Masseglia. "On participera avec volontarisme à la diffusion du sport féminin" a-t-il assuré.

La secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a de son côté appelé les médias à "favoriser et soutenir" les journalistes sportives, regrettant la "présomption d'incompétence" à laquelle sont confrontées les femmes s'exprimant sur le sport, notamment le football.

"Défendre le sport féminin, le valoriser et en parler c'est aussi faire naître des vocations de sportives de haut niveau dans les métiers d'entraineur, d'arbitre, à la tête de fédérations", a-t-elle salué, en référence à l'une des thématiques de l'opération "Sport féminin toujours", la féminisation des instances dirigeantes.

"C'est aussi lutter contre une forme de représentation stéréotypée des femmes et des hommes, montrer pour une fois à la télévision des femmes qui ne sont pas physiquement dans une posture de séduction, mais dans une image de force et de puissance", a-t-elle souligné.

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