En Guadeloupe, les sargasses reviennent, la lutte s'organise

En Guadeloupe, les sargasses, ces algues brunes nauséabondes, arrivent à nouveau massivement : "le volume est proche de celui que nous avions en mars 2018", a indiqué mercredi le préfet Philippe Gustin à l'AFP, en marge d'une réunion hebdomadaire sur le sujet.

Sur le littoral de l'île, s'amoncellent comme l'année dernière ces algues brunes qui émettent en séchant du sulfure d'hydrogène et ammoniaque.

Une situation critique, d'autant que les problèmes de la crise précédente sont encore là : à la Désirade très touchée en 2018, les sargasses accumulées ont pourri, coulé et créé au fond du port une vase brune qui, ajoutée à un fond sablonneux non dragué depuis près de 20 ans, complique l'accès et le stationnement des bateaux, abîmés par les émanations toxiques.

"La différence avec l'an dernier, c'est que nous sommes en ordre de marche pour gérer la crise", a assuré le préfet en présentant les dispositifs de lutte contre le fléau : le kit sargasse pour les communes, qui procure aux élus locaux du matériel de ramassage, une surveillance accrue du phénomène et des systèmes de marchés publics facilités pour permettre le ramassage en 48 heures, conformément aux annonces faites par l'ancien ministre Nicolas Hulot lors de sa visite aux Antilles en 2018.

Mais l'enveloppe ministérielle (10 millions d'euros) ouverte en 2018 se réduit. "Nous réfléchissons à une taxe de séjour de quelques centimes pour financer un fonds sargasses", indique Sylvie Gustave Di Duflo, élue de la Région, en charge de la problématique.

Par ailleurs, les scientifiques planchent sur des pistes de revalorisation des sargasses dont on ne sait actuellement rien faire. "Un appel à projet international sera lancé d'ici la fin du mois", rappelle Mme Di Duflo.

Sont à l'étude un système de filtrage à charbon, fondé sur certaines molécules de l'algue, des solutions cosmétiques, l'étude approfondie de la composition des sargasses pour savoir si elle peuvent, comme à Sainte-Lucie, servir d'engrais.

La piste la plus suivie reste celle de la production d'électricité par pyro-gazéification, qui brûlerait les sargasses à très hautes températures.

En attendant, les autorités ont lancé les appels d'offres pour des machines de captages en mer. Pour Philippe Gustin, "Ce sont des procédures longues d'autant qu'il faudra construire les machines. Alors, en attendant, il va falloir que nous apprenions à vivre avec les sargasses".

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