Les Français les plus riches sont plus souvent cadres ou indépendants, vivent en couple sans enfant et cumulent revenus importants, biens immobiliers, assurance vie, placements et patrimoine professionnel, selon une étude de l'Insee publiée mardi.
Pour définir les "hauts revenus", l'Insee prend en compte tous les revenus imposables mais aussi les prestations sociales, déduits des impôts directs, et la taille du ménage.
Ainsi, en 2022, un foyer sur 1.000 en France - soit un peu plus de 40.000 foyers - est un "foyer à très hauts revenus", qui gagne plus de 463.000 euros annuels, réside en région parisienne (48%) et est constitué dans une écrasante majorité d'un couple marié ou pacsé (82%).
Les revenus de ces "très riches" sont plus diversifiés que ceux de la moyenne des contribuables: salaires ou pensions, bénéfices professionnels (terres agricoles, par exemple), fonciers, capitaux mobiliers (actions, parts dans des entreprises, assurance vie, contrat de capitalisation, etc.).
Et même si leurs revenus peuvent être plus volatils, car touchés par les deux crises économiques (2009 et 2012), les écarts de revenus se sont encore creusés en vingt ans en France. "Entre 2003 et 2022, le revenu moyen des foyers à très hauts revenus a davantage augmenté que celui des autres foyers fiscaux, bénéficiant de l'augmentation des revenus financiers et fonciers", relève l'Institut.
- Femmes minoritaires -
En 2003, "les foyers à très hauts revenus gagnaient 21 fois plus que les autres foyers" tandis qu'en 2022, c'est "31 fois plus", souligne l'enquête, présentée mardi au cours d'une conférence de presse.
Ils gagnaient "95 fois plus que les foyers les plus modestes en 2003" mais "167 fois plus en 2022", ajoute l'Institut national de la statistique.
S'ils contribuent à hauteur de 10,7 milliards d'euros aux recettes de l'impôt sur le revenu (2022), leur taux d'imposition est passé de 29,2% (2003) à 25,7% (2022).
Dans le Top 100 des salariés les mieux payés en France figurent plus d'un tiers (36) de sportifs professionnels (des footballeurs salariés de clubs de Ligue 1), relève l'étude. Les autres sont des salariés assurant la direction de leur entreprise (31) ou des cadres de haut niveau.
Parmi les très hauts salaires (les 1% de postes salariés du secteur privé touchant plus de 10.219 euros net par mois, soit 175.000 postes dans le secteur privé), les femmes ne comptent que pour un quart (24%) du contingent, alors qu'elles représentent 42% des salariés en équivalent temps plein (en 2023).
Dans les 100 plus riches, on ne compte que dix femmes. "Cette moindre représentation des femmes parmi les très hauts salaires contribue nettement à augmenter l'écart salarial entre femmes et hommes", note l'Insee.
Globalement, les plus aisés sont ceux qui ont à la fois "un haut niveau de vie" (les 10% les plus riches qui ont plus de 39.100 euros de revenus annuels) et un "haut patrimoine" (de plus de 716.300 euros). Ils étaient 1,6 million de ménages en 2021.
Et globalement, ces derniers ont "entre 50 et 69 ans" (51% d'entre eux), sont "cadres ou indépendants" (58%), "en couple sans enfant" (47%) et résident plutôt dans l'agglomération parisienne (38%), détaille l'Insee.
"Les inégalités de patrimoine sont plus fortes que les inégalités de niveau de vie" et "l'augmentation des prix de l'immobilier a contribué à augmenter les disparités", souligne Michel Duée, chef du département des ressources et des conditions de vie des ménages à l'Insee.