La hausse de la mortalité des nouveaux-nés, un phénomène spécifique à la France et difficile à expliquer, se limite aux communes les plus pauvres, montre une étude publiée mardi, qui pointe le rôle des inégalités sociales.
"Les inégalités socio-économiques ont contribué à l'aggravation récente des taux de mortalité néonatale en France", conclut cette étude publiée dans la revue BMJ Medicine et réalisée par des chercheurs de l'Inserm, l'Université Paris Cité, l'Inrae, l'Université Paris Nord et l'AP-HP.
La France connaît depuis plusieurs années un léger rebond de la mortalité infantile - passée de 3,5 décès pour 1.000 enfants nés vivants en 2011 à 4,1 en 2024 -, un phénomène surtout alimenté par les décès de nouveaux-nés dans leur premier mois de vie.
Mais les causes profondes de cette tendance, qui n'est pas observée dans la plupart des pays européens, restent mal comprises. Les différentes études évoquent, par exemple, la hausse de l'âge des mères au moment de l'accouchement, ou l'accroissement des grossesses multiples, mais certaines avancent aussi des facteurs sociaux comme les situations de précarité.
L'étude publiée mardi va dans ce sens. Les chercheurs ont séparé les communes françaises en cinq catégories, selon un indice qui mesure combien une zone est avantagée: parmi les critères retenus figurent le revenu des habitants, le taux de chômage ou la proportion de locataires et d'immigrés.
Ils ont ensuite croisé ces données avec les chiffres de la mortalité néonatale. Ils en concluent que celle-ci n'a augmenté que dans les deux catégories les moins favorisées, en particulier la plus désavantagée. Pour les trois autres, il est resté stable.
Ces résultats pointent sans détour le rôle des inégalités sociales dans la hausse de la mortalité néonatale, mais ils ne permettent pas d'en expliquer les mécanismes précis.
Les auteurs font néanmoins plusieurs hypothèses, en premier lieu les difficultés d'accéder à des soins de qualité pour les familles modestes.
"L'accès aux soins et la capacité des résidents à se saisir du système de santé est réduit dans les territoires défavorisés", avance le chercheur Victor Sartorius, principal auteur de l'étude, dans un communiqué de l'Inserm.
Mais les auteurs font d'autres hypothèses: l'obésité ou le tabagisme, facteurs de risques de complications à la naissance, sont plus fréquents dans les milieux modestes.
Autre piste: "les considérations éthiques et personnelles comme la décision de recourir ou non à une interruption médicale de grossesse pour certaines maladies foetales", selon le communiqué de l'Inserm.