Un diagnostic, des statistiques et une réplique: en une semaine, l'attractivité des près de deux millions d'emplois territoriaux s'est invitée au coeur des débats autour de la fonction publique.
Après un premier rapport sur les pistes d'attractivité de la fonction publique territoriale en fin de semaine dernière, c'est un diagnostic chiffré des emplois territoriaux qui a été proposé jeudi par le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT).
Parmi les constats de ce "Panorama des métiers territoriaux 2017-2019": les collectivités peinent à recruter pour ces professions qui vont de l'aide à domicile à l'entretien des espaces verts, en passant par des postes de direction.
Comme en réponse à ces travaux, le gouvernement a lancé lundi un site de recrutement. Un portail destiné à devenir à terme la plateforme de recrutement de référence des employeurs publics des trois versants de la fonction publique: territoriale, d'État, hospitalière. Objectif: améliorer à la fois la visibilité et l'attractivité des emplois publics.
Et à deux mois du premier tour de l'élection présidentielle, plus question pour la ministre de la Fonction publique d'évoquer des suppressions de postes d'agents publics, comme annoncé en 2017 par Emmanuel Macron.
"Rien que pour assurer les missions du service public, nous avons besoin de recruter 100.000 personnes par an", a évalué Amélie de Montchalin lundi.
- Pénibilité et rémunération -
Cette campagne de recrutement est lancée alors que la fonction publique territoriale est menacée par un choc démographique imminent.
Sur la période 2017-2019, en effet, près d'un agent territorial sur quatre (24,1%) était âgé de plus de 55 ans, alerte le CNFPT dans son "Panorama des métiers".
Or, parmi les collectivités sondées par le CNFPT, plus d'une sur cinq évoquent des difficultés à recruter pour un ou plusieurs métiers.
Dans leur rapport sur l'attractivité des métiers territoriaux, Corinne Desforges, Mathilde Icard et Philippe Laurent chiffraient même à 39% la part "des employeurs territoriaux disant éprouver des difficultés à attirer des candidats en 2021, soit 9 points de plus qu'en 2015".
Parmi les éléments qui compliquent la quête de nouvelles recrues figure notamment la pénibilité de certains métiers.
"Les 20 principaux métiers concernés par (la pénibilité) représentent, en termes d'effectif global, 42% des agents de la fonction publique territoriale", souligne le CNFPT.
La rémunération peut représenter une autre pomme de discorde, alors que trois agents territoriaux sur quatre appartiennent à la catégorie C, la plus faiblement rémunérée.
Si plus d'un million d'agents de catégorie C ont bénéficié au 1er janvier d'une revalorisation de leur traitement, le point d'indice, qui sert de base au calcul de la rémunération des 5,7 millions d'agents publics, est gelé depuis début 2017.
- Écologie et numérique -
Dans leur liste de recommandations, les trois rapporteurs suggèrent de "réfléchir à la création d'une prime d'attractivité fondée sur la stabilité de l'agent dans la collectivité".
Enfin, ils proposent d'"améliorer les conditions de travail des agents territoriaux en leur fournissant un niveau de protection au moins similaire à celui des salariés (notamment par l'accès à une inspection du travail)".
La ministre de la Fonction publique "souhaite que (les propositions du rapport) fassent l'objet de discussions avec les associations d'élus dans les prochaines semaines", avait-elle réagi la semaine dernière dans un communiqué.
En tout état de cause, "aujourd'hui, rares sont les collectivités qui ont anticipé dans leur recrutement les évolutions amenées par le domaine du numérique et dans une moindre mesure de l'écologie", observe le CNFPT.
Un constat aux airs de regret, alors que "cette digitalisation et la promotion du développement durable sont pourtant des leviers de modernisation et des opportunités de modifier leur fonctionnement, au bénéfice d'agents qui viseraient, de leur côté, une montée en compétence".