Les parcs éoliens en mer vont désormais interrompre leur production d'électricité en période de prix négatifs, lorsque l'offre est supérieure à la demande et que les prix passent sous 0 euro, afin d'en limiter l'impact sur les finances publiques, a annoncé Bercy lundi.
"Les parcs éoliens en mer de Fécamp, Saint-Nazaire et Saint-Brieuc ont signé des avenants à leur contrat d'achat d'électricité, qui permettent de solliciter l'arrêt de tout ou partie de la production du parc en période de prix négatifs", indique le ministère de l'Énergie.
"De premiers arrêts liés à l'application de ces contrats ont ainsi été menés avec succès lors du week-end des 10 et 11 mai", ajoute-t-il dans un communiqué.
Jusque-là, ces parcs étaient incités à produire au maximum de leur capacité quel que soit le prix de marché du fait des contrats d'obligation d'achat auxquels ils étaient soumis.
Avec comme conséquence que "même en période de prix négatifs, l'intégralité de la production des parcs éoliens était donc achetée au prix fixé par le contrat et revendue sur les marchés à prix négatif", explique Bercy.
"Cela avait donc un impact négatif sur les finances publiques et le système électrique", souligne-t-il.
Le ministère prévoit des dispositions similaires dans la loi de finances pour 2025 pour l'éolien terrestre, dont les anciennes installations les plus puissantes sont elles aussi aux contrats d'obligation d'achat.
Un premier arrêté d'application a été soumis à la consultation du Conseil supérieur de l'énergie (CSE) le 29 avril, qui sera complété par un second d'ici le second semestre 2025.
Bercy indique par ailleurs que les nouveaux contrats de soutien aux énergies renouvelables, sauf pour les installations les plus petites, ne sont plus sous la forme d'une obligation d'achat, mais de complément de rémunération.
Ce type de contrat "incite les installations en bénéficiant à s'arrêter en période de prix négatifs", souligne-t-il.
Selon la Commission de régulation de l'énergie (Cre), qui avait fait des recommandations dans ce sens à l'automne, les prix négatifs ont représenté 235 heures au premier semestre 2024, soit 5,4% du temps, contre 147 heures en 2023 (1,7% du temps) et jamais plus de 102 heures par an jusqu'en 2022 (soit 1,2 % du temps).
La Cre avait estimé, "à titre d'illustration", que cela représentait une perte d'environ 80 millions d'euros pour le parc français au premier semestre l'an dernier. Elle avait également indiqué que la coupure des parcs sous "obligation d'achat" pendant les périodes de prix négatifs aurait pu générer une économie pour l'État de l'ordre de 15 millions d'euros environ au cours de la même période.