EELV lance à Strasbourg sa marche vers les européennes

Europe Écologie-Les Verts a lancé jeudi à Strasbourg sa marche vers "l'échéance majeure" des européennes de 2019, avec des difficultés en interne pour concilier affirmation des principes écologistes et ouverture à d'autres forces de gauche.

"L'écologie doit être quelque chose de joyeux (...), nous ne sommes pas uniquement les dénonciateurs inlassables de catastrophes en cours", a lancé le secrétaire national David Cormand au premier jour des universités d'été, le bruit des applaudissements résonnant contre les bâches chaudes d'un chapiteau, non loin des institutions européennes.

Après le pari manqué de rejoindre Benoît Hamon à la dernière présidentielle, et l'absence de députés élus à l'Assemblée, la tête de liste Yannick Jadot entend profiter d'un "espace" pour atteindre un score de 15%, similaire à l'épopée de 2009 - alors que les rares sondages publiés ces derniers mois créditaient EELV de 6 à 8% des voix.

"Le rendez-vous des européennes constitue une échéance majeure", poursuit le secrétaire national, renvoyant dos à dos "droite et gauche productivistes" et appelant les sympathisants à honorer par "une année de bruit, de mobilisation et de joie", plutôt qu'une minute de silence, les "197 militantes et militants" écologistes morts dans le monde pour leurs convictions en 2017.

A l'applaudimètre, le discours séduit. Dans les allées, les débats des militants sur le programme, - sortir immédiatement ou progressivement du glyphosate, dans 10 ou 20 ans du nucléaire ? -, se mêlent aux débats sur la stratégie de campagne.

"J'étais favorable à ce qu'on rejoigne la campagne de Hamon" en 2017, confie Léon Estroumsa, "écologiste depuis toujours". Souriant à travers sa moustache, il écarte cette fois une alliance avec Générations, déçu par les 6% de la présidentielle.

"Je suis favorable à un candidat commun", explique Jacques Thomas, militant parisien depuis 25 ans, mais sans comprendre pourquoi Hamon, "s'il partage nos idées", a créé son mouvement.

Ce débat fait écho à des dissensions au sein de la direction sur le degré d'ouverture à afficher vis-à-vis d'autres forces politiques.

- "Gardiens du temple" -

"Je suis contre les accords d'appareils", prévient Yannick Jadot, qui plaide pour "élargir, (et) rassembler les écologistes autour d'une ligne claire". L'eurodéputé prononcera vendredi un discours axé sur "l'écologie courageuse", face à "l'écologie de l'affichage", et rappelant que le mode de scrutin des européennes est favorable au mouvement.

"A quoi ça sert qu'on se batte pour avoir la proportionnelle ? Une fois élus on peut travailler ensemble" avec d'autres, plaide-t-il, précisant, comme presque tout le monde au parti, que "ce n'est pas la question spécifique de Générations".

Mais la sénatrice Esther Benbassa est inquiète du risque d'"hypothèque(r) l'avenir", tant sur les combats politiques que pour les municipales et régionales, en se montrant trop fermé, et elle appelle à "réenchanter des idées de gauche".

"Si on fait des bons résultats aux européennes, on sera d'autant plus forts pour les municipales et les régionales", assure Yannick Jadot, ne contestant pas que ces scrutins puissent nécessiter des alliances.

David Cormand, lui, ne veut pas "reconstruire une chapelle de la gauche", et promet de la "fermeté" sur le projet. Mais "ne nous contentons pas d'être les gardiens du temple vert de l'écologie politique, sermonnant tel ou tel néophyte trop tard converti à notre cause".

Jusqu'à samedi, les écologistes français et bon nombre de représentants des Verts européens débattront des "flux migratoires", de "la post-croissance", ou encore "des liens des écologistes avec les minorités".

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