EDF envisage d'abandonner le projet de conversion à la biomasse de la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique), se sont émus lundi la CGT ainsi que deux sénateurs du département dans des communiqués distincts, EDF affirmant de son côté qu'aucune décision n'avait été prise encore.
D'après le syndicat CGT, EDF a annoncé lundi 16 septembre à la CGT "vouloir stopper" le projet baptisé Ecocombust 2 en raison de discussions "infructueuses avec Paprec" (partenaire d'EDF sur le projet) et "n'ayant pas l'État en soutien économico-industriel".
EDF "se prépare" à "une fin de production pour la centrale en 2027", selon la même source, qui juge cette possibilité "incompréhensible, prématurée et inconcevable eu égard au travail fait par le site pour engager sa conversion".
"Aucune décision n'a été prise pour le moment, les discussions se poursuivent", a de son côté assuré EDF, contactée par l'AFP.
Le groupe rappelle réfléchir "depuis 2015" à l'avenir du site, "conformément aux ambitions des pouvoirs publics de sortir des énergies fossiles".
"Plusieurs réunions de travail ont déjà eu lieu et les travaux se poursuivent pour pouvoir prendre une décision prochainement concernant la conversion totale de la centrale thermique de Cordemais à la biomasse d'ici 2027", a ajouté EDF.
"Le projet d'Ecocombust s'inscrit dans une logique de sécurisation du réseau électrique de l'ouest de la France en lien avec le développement des énergies renouvelables", ont pour leur part souligné le sénateur Ronan Dantec et la sénatrice Karine Daniel (PS), tous deux de Loire Atlantique dans un communiqué commun.
Ce projet "permet de traiter les gisements de bois de classe B et vise à terme un fonctionnement sans charbon. Se priver de cette usine, c'est se priver d'une filière d'avenir, en particulier à l'international, où les centrales à charbon sont encore trop nombreuses et les gisements de bois de classe B importants", poursuivent-ils.
Les bois de classe B correspondent à des déchets de bois faiblement traités, peints ou vernis, souvent issus de bois d'ameublement.
D'après la CGT, en cas de fermeture de la centrale, "EDF propose de construire une usine de fabrication de tuyaux sur le site de Cordemais par sa filiale Framatome", qui pourrait représenter à terme 200 emplois.
Après avoir annoncé l'abandon de Cordemais en juillet 2021, notamment en raison de son coût, EDF avait annoncé en mai 2022 relancer le projet de conversion de la centrale à la biomasse, c'est-à-dire à partir de granulés prioritairement issus de déchets de bois.
La "décarbonation progressive" de Cordemais s'est déployée depuis 2023.
En septembre 2023, le président de la République, Emmanuel Macron, avait annoncé que les dernières centrales à charbon de France, Cordemais et Saint-Avold (Moselle), seraient converties "complètement" à la biomasse à l'horizon 2027, alors que la France cherche à respecter ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent le climat.
Avec l'annonce récente de General Electric de supprimer 360 emplois en Loire-Atlantique (dans une usine de pales d'éoliennes, NDR), la décision d'EDF "démontre une nouvelle fois l'incapacité de l'Etat à planifier une réelle politique de développement des énergies renouvelables", ajoutent les deux sénateurs.
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