Economie: inflation et crise énergétique au menu des Rencontres d'Aix

Accélération de l'inflation, crise énergétique: de vendredi à dimanche, les 22e Rencontres économiques d'Aix-en-Provence réuniront experts, patrons et ministres autour des urgences économiques actuelles, dans un monde pas encore tout à fait remis de la crise sanitaire.

Les 350 orateurs conviés à Aix, rejoints par des jeunes, débattront aussi d'enjeux plus structurels comme le climat, la formation, le partage des richesses ou la raison d'être des entreprises.

Plus de quatre mois après le lancement de l'offensive militaire russe, la situation en Ukraine ne fera pas l'objet d'un débat spécifique. Mais "l'Ukraine et la relation avec la Russie seront là tout le temps", promet à l'AFP Hippolyte d'Albis, le président du Cercle des économistes qui organise l'évènement.

Comme l'an dernier, l'évènement sera accessible au public dans le parc Jourdan de la cité provençale et sur la toile, où le Cercle des économistes, organisateur des rencontres, avait recensé 1,5 million de connexions internet en 2021.

"Grosse nouveauté" de l'édition 2022 selon Hippolyte d'Albis: les débats prévus autour du pouvoir d'achat.

"On n'en a pas tant parlé que ça ces dernières années", juge-t-il alors que le gouvernement s'apprête à dépenser 25 milliards d'euros supplémentaires pour freiner l'érosion du pouvoir d'achat.

Pour le président des Rencontres d'Aix Jean-Hervé Lorenzi, la priorité "dans les 12 mois à venir, c'est d'éviter toute forme de récession ou de très faible croissance".

Habituées de l'évènement, la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde et l'ex-économiste en chef de l'OCDE Laurence Boone, tout juste nommée secrétaire d'Etat chargée de l'Europe, débattront vendredi des nouvelles formes que peut prendre la mondialisation et du rôle des acteurs politiques pour redonner confiance aux citoyens.

"Face à la multiplication des urgences, le gouvernement ne priorise pas", tacle M. d'Albis qui se demande si les dépenses engagées pour soutenir le pouvoir d'achat ne vont pas en partie alimenter l'inflation en soutenant la demande.

Si certains économistes pensent toujours que l'inflation va revenir à moyen terme à un niveau proche de sa cible de 2%, ils sont de plus en plus nombreux à croire à un changement d'époque.

"L'inflation, c'est comme les kilos en trop, une fois que vous l'avez, c'est compliqué de s'en débarrasser", estime Hippolyte d'Albis.

- Participation des jeunes -

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui devrait être présent dimanche, aura fort à faire pour convaincre les économistes que la politique du "quoi qu'il en coûte" a bien pris fin, alors que la hausse des taux d'intérêt alourdit le poids du remboursement de la dette publique.

Autre question ouverte au débat: comment décarboner l'économie tout en créant de la croissance ? Les chefs d'entreprise Jean-Pierre Farandou (SNCF), Eric Lombard (Caisse des dépôts), Florent Menegaux (Michelin) et Rodolphe Saadé (CMA CGM) en discuteront vendredi soir, avec le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau.

Champ de réflexion encore plus vaste, la gestion des biens communs qui englobent l'eau, l'air, les terres arables inexploitées, l'éducation ou la lutte contre les pandémies, réunira samedi après-midi Thomas Buberl (Axa), Ilham Kadri (Solvay), Jean-Bernard Lévy (EDF) et Philippe Wahl (La Poste).

Loin de se limiter à un "débat entre économistes et chefs d'entreprises", selon l'expression d'Hippolyte d'Albis, les Rencontres laisseront une place importante aux jeunes.

Des masterclass leur sont dédiées et le Cercle des économistes a organisé en amont avec le réseau social Jam "une opération pour mieux comprendre les aspirations de la jeunesse" à travers "un fil de questions".

Jam a recueilli les réponses à des questions ouvertes de 15.695 jeunes âgés de 18 à 28 ans en France entre le 15 février et le 29 mars, enquête qui a montré que si près des deux tiers d'entre eux croient encore en l'ascenseur social et les trois quarts en la valeur des diplômes, seuls 17% jugent le système éducatif "en phase avec les sujets de l'époque".

En revanche, à 81%, ils estiment que l'environnement est une urgence absolue: des patrons présents seront interrogés pour savoir "jusqu'à quel point ils sont prêts à transformer le capitalisme".

boc/dga/mla/spi/alc

Poster un commentaire
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.
Déjà membre ? Je me connecte.
Je ne suis pas encore membre, Je crée mon compte.