En annonçant lors d'un meeting à Marseille vouloir un Premier ministre "directement chargé de la Planification écologique", concept cher à Jean-Luc Mélenchon, le candidat Macron a tendu la main samedi aux électeurs de gauche et à la jeunesse, clé du second tour.
"La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas": le président-candidat a martelé vouloir "changer de paradigme", dans les jardins du Pharo où il a passé la grande partie de son discours à parler climat et avenir.
Annonce-phare : le Premier ministre "sera directement chargé de la planification écologique", "parce que cela concerne tous les domaines, tous les secteurs, toutes les dépenses, tous les équipements, tous les investissements; bref, toutes les politiques", a énuméré Emmanuel Macron.
La proposition n'est pas sans rappeler celle de Jean-Luc Mélenchon, 22% des suffrages au premier tour, neuf points de plus à Marseille, alors que l'équipe du candidat Macron entend parler à ces électeurs de gauche, et singulièrement aux jeunes.
A une semaine du second tour, le tournant - ou "l'enrichissement" du projet, selon le vocable macronien - se voulait spectaculaire.
Dans cette nouvelle architecture gouvernementale, le chef du gouvernement sera(it) épaulé de deux ministres: l'un chargé de la "Transition énergétique", l'autre de la "Planification écologique territoriale".
Objectif: "Faire de la France la première grande nation à sortir du gaz, du pétrole et du charbon", a plaidé le candidat toujours favori des sondages, qui a pris le temps de tacler sa rivale d'extrême droite: "même incompétente, elle est climatosceptique".
Sobriété énergétique, développement du solaire, de l'éolien, de la filière hydrogène, construction de nouvelles centrales nucléaires, développement du fret ferroviaire et fluvial: le candidat a rappelé les fondamentaux de son programme.
Il y a ajouté un accent sur la qualité de l'air, en voulant lancer "immédiatement un effort massif de purification de l'air dans nos écoles, nos hôpitaux et tous les bâtiments publics", en insistant sur les 50.000 morts dus à la pollution, "dont certains enfants".
La plantation de 140 millions d'arbres d'ici 2030 est également annoncée, avant une "Fête de la nature", sur le modèle de celle de la musique, chaque quatrième samedi du mois du mai.
- "Référendum pour ou contre la République" -
Au-delà des mesures, c'est la promesse de "renouvellement complet", que le candidat a mis en avant, jurant n'avoir "aucune envie de faire +5 ans de plus+. Non, je ne veux pas les faire en plus" mais "je veux complètement refonder", a-t-il lancé, en tentant de retrouver les accents de la "Révolution" de sa campagne d'il y a cinq ans, lorsqu'il s'agissait de "renverser la table".
Outre l'écologie, il a aussi vanté l'intégration, la "fraternité", et appelé à ne pas stigmatiser les musulmans, dénonçant "le grand rabougrissement" promis, selon lui, par Marine Le Pen.
Les électeurs de gauche peuvent-ils l'entendre? A Marseille, devant un parterre de personnalités ex-LR devenues soutien du président-candidat (Christian Estrosi, Renaud Muselier, Eric Woerth, Hubert Falco, Martine Vassal), l'absence du maire PS Benoît Payan, dont la venue était un temps espérée, a jeté une ombre sur la carte postale.
Cet électorat, qui a glissé un vote Mélenchon dimanche dernier - "mais souvent davantage comme un vote utile pour soutenir la gauche que par adhésion à la radicalité de LFI", selon un stratège macroniste - est plus que jamais crucial pour Emmanuel Macron.
Qui n'a d'ailleurs pas hésité à évoquer à deux reprises "l'avenir en commun", l'intitulé du programme de Jean-Luc Mélenchon!
Mais, plus encore qu'un vote pour Mme Le Pen, c'est l'abstention ou le vote blanc qui est craint, le 24 avril.
"On vous a farci la tête (en vous disant que l'extrême droite et moi), c'était la même chose: non, ça n'est pas la même chose", a alors affirmé Emmanuel Macron, en haussant le ton.
Avant de poser les enjeux, selon lui, du scrutin: "Le 24 avril, c'est un référendum pour ou contre l'Union européenne". En recourant à l'anaphore, il déroule: "un référendum pour ou contre l'écologie", "un référendum pour ou contre notre jeunesse", "un référendum pour ou contre notre République".