Le périmètre de détection des polluants éternels ou PFAS dans les eaux usées est inefficace, car "trop restreint", a estimé lundi l'ONG Générations futures, au lendemain de la parution d'un arrêté gouvernemental qui détermine les critères de mise en oeuvre d'une première campagne de détection de ce type en France.
Alors que la présence dans l'environnement, notamment dans l'eau, de ces molécules extrêmement difficiles à éliminer, inquiète en raison de leurs effets potentiels sur la santé humaine, un plan d'action interministériel dévoilé en avril 2024 prévoit un renforcement de la surveillance, entre autres dans les stations d'épuration des eaux usées.
Conformément à ce que prévoyait le plan, seules les plus grandes stations d'épuration, de plus de 10.000 équivalent-habitants sont concernées par cette campagne de détection, déplore l'ONG.
"Aucune des petites et moyennes structures d'épuration qui représentent pourtant la majorité des installations ne seront incluses" dans cette campagne, explique l'organisation, qui estime qu'elles "sont également concernées" par le traitement de rejets contenant des PFAS.
"Sans traitement spécifique, ces PFAS sont rejetés directement dans l'environnement et contaminent le cycle de l'eau", poursuit l'ONG, qui avait réclamé l'intégration des petites stations recevant des effluents industriels contaminés.
Autre grief soulevé, la limitation de la liste des molécules contrôlées, qui se limite "aux 20 PFAS réglementés dans l'eau destinée à la consommation humaine" ainsi qu'à "deux PFAS liés aux pollutions par les mousses anti-incendie".
L'ONG réclamait l'élargissement de la liste à "18 PFAS supplémentaires" et à "toutes les substances PFAS identifiées dans les rejets industriels traités".
Elle souhaitait notamment que soit contrôlée la présence d'acide trifluoroacétique (TFA), un PFAS à ce stade non réglementé, matière première dans la production de produits phytosanitaires ou pharmaceutiques (antidiabétiques, antiviraux, anti-VIH, thérapies anticancéreuses..), dont la toxicité est en cours d'évaluation par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Le TFA est le PFAS "le plus retrouvé" dans l'eau du robinet, selon un rapport d'enquête de Générations Futures, publié en février.
Les PFAS, pour substances per- et polyfluoroalkylées, dits polluants éternels, peuvent avoir des effets délétères sur la santé humaine: augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du foetus, etc.
Massivement utilisés dans l'industrie depuis le milieu du 20e siècle, par exemple pour fabriquer des poêles antiadhésives, des vêtements imperméables ou des cosmétiques, ils sont extrêmement difficiles à éliminer une fois présents dans l'eau ou les sols.