Les sites de production d'eau en bouteille de Danone à Evian et d'Alma à Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie, semblent utiliser des traitements de filtrations de l'eau réglementaires, a estimé vendredi la commission d'enquête sénatoriale chargée du sujet à l'issue de visites sur place.
"On a visité deux sites totalement différents. On a vu l'artisan des minéraliers, Alma à Thonon, et on a vu un géant, la première peut-être marque au monde, Evian. Dans les deux cas (...) il a été répondu à l'ensemble de nos questions. Sans faux-fuyants, sans faux-semblants, sans avocats aussi", a indiqué lors d'un point-presse Alexandre Ouizille, le rapporteur de la commission d'enquête du Sénat sur les eaux en bouteille, créée en novembre à la suite des révélations de presse sur des traitements possiblement illicites d'eaux minérales.
"Pour ce que nous en avons vu, je prends toujours ces précautions de langage parce qu'elles sont importantes, il n'y a pas dans les usines que nous avons visitées d'atteinte à la réglementation en vigueur. Les filtres qui sont utilisés dans les deux cas, et qui nous ont été présentés comme étant utilisés, sont des filtres qui sont dans la conformité à la réglementation", a-t-il ajouté.
Le groupe Alma reste toutefois soupçonné d'adjonction "de gaz carbonique sans le dire sur la bouteille" et "de traitements illégaux" de déferrisation, a-t-il rappelé, soulignant "qu'on n'est pas au bout de l'histoire".
"La justice a été saisie et le procureur (de Cusset, dans l'Allier, NDLR) travaille. Je ne sais pas si ça a été classé, si l'enquête se poursuit", a-t-il dit, invoquant "un principe de séparation".
La justice française enquête actuellement sur deux plaintes de l'association Foodwatch pour "tromperie", qui visent Nestlé et Sources Alma à propos d'un traitement possiblement illicite de leurs eaux minérales.
Début février, les médias Radio France et Le Monde avaient publié des éléments accusant la présidence française et les services du Premier ministre d'avoir cédé au lobbying de Nestlé dans un litige sur la question de la microfiltration des eaux.
"Comment quelque chose qui est révélée aux pouvoirs publics à l'été 2021 ne peut être connu des Français qu'en janvier 2024, et non pas parce l'Etat l'a révélé, mais parce qu'il y a eu des révélations de presse, comment on en arrive là !", s'est indigné M. Ouizille à propos de Nestlé Waters. Le rapporteur dénonce une "fraude au consommateur d'une ampleur très, très large" et affirme vouloir aller "au bout de la vérité sur ce qui s'est passé chez certains industriels".
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