Eaux minérales: audition tendue de la directrice générale de Nestlé Waters au Sénat

La directrice générale de Nestlé Waters, sur la défensive mercredi devant une commission d'enquête sénatoriale qui a déploré son manque de coopération, a assuré que les traitements illégaux utilisés par l'entreprise jusqu'en 2023 sur ses eaux minérales Perrier et Hépar permettaient "d'assurer la sécurité alimentaire".

"Je n'ai pas la raison pour laquelle ils étaient en place. Je sais que ces traitements permettaient d'assurer la sécurité alimentaire. J'ai compris qu'il y avait d'autres façons d'assurer la sécurité alimentaire (...) et que pour supprimer ces traitements non conformes, il fallait revoir tout le design de l'usine", a affirmé Muriel Lienau.

Elle a ensuit détaillé le plan de transformation mis en place pour remplacer ces traitements après qu'elle en a pris connaissance à la suite de sa prise de fonction en 2020.

Tout au long de l'audition, le rapporteur Alexandre Ouizille (PS) et plusieurs autres sénateurs ont déploré leurs difficultés à obtenir des réponses claires.

La commission d'enquête sénatoriale a été mise sur pied en novembre dernier, près d'un an après des révélations par des journalistes du Monde, de Radio France et de Mediapart concernant l'utilisation de traitement illégaux par des minéraliers, dont Nestlé Waters.

Une soixantaine de personnes - industriels, conseillers ministériels, représentants de différents services de l'État, chercheurs, laboratoires, élus locaux - ont été auditionnées depuis décembre par cette commission qui vise à faire la lumière sur "les pratiques des industriels de l'eau en bouteille et les responsabilités des pouvoirs publics dans les défaillances du contrôle de leurs activités et la gestion des risques économiques, patrimoniaux, fiscaux, écologiques et sanitaires associés".

Muriel Lienau a demandé à la commission de clarifier dans son rapport les recommandations sur la micro-filtration utilisée par le groupe, dont certains sénateurs ont contesté la légalité.

Elle a refusé de donner les noms des personnes qui l'ont informée des traitements illégaux après sa prise de poste, invoquant la procédure judiciaire en cours. "C'était mon choix de ne pas chercher des responsabilités individuelles mais de continuer à travailler et de mettre toute l'énergie à trouver des solutions."

Le président de la commission, le sénateur LR Laurent Burgoa, lui a rappelé que le "refus de déposer ou de prêter serment (...) devant une commission d'enquête est passible de deux ans d'emprisonnement et de 7.500 euros d'amende" et qu'une procédure judiciaire n'empêchait pas un tel témoignage.

La directrice générale a maintenu sa position jusqu'à la fin de l'audition.