Eau: les sénateurs réclament davantage de moyens

La mission d'information du Sénat sur la gestion durable de l'eau a réclamé mercredi davantage de financements pour mettre en oeuvre une "politique de l'eau ambitieuse", soulignant les nouveaux défis liés à la sécheresse et à la pollution.

"La sobriété n'est plus une option, c'est une obligation. (...) Il faut aller plus vite et plus fort" pour améliorer les performances dans la gestion de l'eau, ont déclaré Rémy Pointereau, sénateur (LR) du Cher et Hervé Gillé, sénateur (SER) de la Gironde, respectivement président de la mission et rapporteur.

Parmi les 53 propositions visant à "impliquer l'ensemble des acteurs, publics comme privés, dans un usage partagé de l'eau", beaucoup concernent les financements. "Il n'y aura pas de politique de l'eau ambitieuse sans moyens financiers ambitieux", est-il notamment écrit.

A cet égard, le Plan eau, annoncé fin mars par le président de la République est "insuffisant", a jugé M. Gillé lors d'une conférence de presse.

Les 475 millions d'euros par an pour les agences de l'eau, destinées à les accompagner dans la mise en oeuvre de ce plan "ne sont pas satisfaisants compte tenu des enjeux", a-t-il jugé, estimant qu'il faudrait "les doubler si on veut aller vers des trajectoires performantes".

Le rapport met en avant la nécessité de davantage de moyens pour entretenir et moderniser les réseaux: "au rythme actuel, il faudrait plus de 150 ans pour renouveler les réseaux d'eau des villes de taille moyenne" indique le rapport.

Une politique de l'eau efficace passera par une meilleure gouvernance dans laquelle "il faut engager tout le monde". Cela pourra se faire au travers de "contrats d'engagements réciproques" impliquant tous les usagers de l'eau (industrie, agriculture, particuliers, pouvoirs publics).

Si globalement la gestion de l'eau en France reste "assez performante (...) quand on est en situation de crise, on voit les limites du système", a expliqué M. Gillé. Or, il faut "se préparer à une ressource qui va sans doute diminuer" du fait du réchauffement climatique.

Un "effort" doit également être fait sur les micropolluants, dont les effets sur la santé et l'environnement "restent encore à découvrir".

Il faudra "mieux maitriser" les ressources et donc approfondir les connaissances, mais aussi les prélèvements: "il existe des trous dans la raquette et un certain nombre d'entre eux ne sont pas connus", a dit M. Gillé, le rapport mettant en garde contre des conflits d'usage qui pourraient devenir "insolubles".

Revenant sur la question des retenues d'eau ("bassines"), la mission écarte l'idée d'un moratoire mais invite à "remettre les gens autour de la table".