La consommation d'eau potable a baissé d'environ 1,5% en un an à Toulouse Métropole grâce à la nouvelle tarification saisonnière, assure cette collectivité, mais des écologistes contestent cette interprétation et réclament des prix plus élevés pour les gros consommateurs et le retrait de la gestion au privé.
Toulouse était devenue le 1er juin 2024 la première grande métropole française à appliquer une tarification de ce type, en augmentant le prix du mètre cube d'eau de 42% de juin à octobre, et en le baissant de 30% du 1er novembre au 31 mai, afin d'inciter le consommateur à utiliser moins d'eau quand elle se fait plus rare.
Seules des villes ou agglomérations plus petites que cette métropole de quelque 850.000 habitants l'appliquaient déjà, comme Guingamp-Paimpol Agglomération (Côtes-d'Armor) ou Grasse (Alpes-Maritimes), précise à l'AFP la fédération de collectivités FNCCR.
Sa mise en place il y a un an à Toulouse Métropole a permis d'économiser 800.000 m3 d'eau potable, sur une consommation totale de quelque 52,5 millions de m3 en 2024, s'est félicité vendredi le président de cette collectivité, Jean-Luc Moudenc (DVD).
"Au bout d'un an, le succès, pour être franc, est au-delà de nos espérances", a-t-il déclaré .
"Nous espérions un changement de comportement sur les cinq mois à +42%. Ce changement a eu lieu. On a très précisément économisé sur cette période 500.000 m3 d'eau. Mais ce qu'on n'avait pas osé espérer et que les citoyens ont réalisé (...) c'est continuer à économiser en période d'hiver", lorsque le prix était plus bas, a-t-il développé.
Cependant, pour Claude Touchefeu, de l'association Eau Secours 31, M. Moudenc "exagère l'impact" de cette nouvelle tarification.
-"Prise de conscience"-
"Entre 2022 et 2023, lorsque la tarification saisonnière n'était pas mise en place, il y a eu une économie d'eau beaucoup plus importante de 2,5 millions de m3 (...) Il y a eu partout en France une baisse à ce moment-là. Il y a eu un début de prise de conscience après la canicule de 2022 et des arrêtés préfectoraux" limitant l'utilisation de l'eau, entre autres facteurs, dit-elle à l'AFP.
"C'était un processus déjà commencé et de manière beaucoup plus forte" qui a pu se poursuivre, y compris au niveau national, et expliquer cette tendance à la baisse, poursuit-elle.
D'une manière plus générale, l'opposition métropolitaine à M. Moudenc le presse d'instaurer une "tarification progressive" déjà en vigueur dans le Grand Lyon, à Nice, ou à Montpellier, deuxième ville d'Occitanie derrière Toulouse.
Pour le groupe d'opposition Toulouse écologiste et solidaire, cette tarification devrait prévoir "la gratuité des premiers m3 nécessaires aux besoins vitaux (boire, se laver, cuisiner)", puis des "tranches progressives" afin "de maintenir un prix modéré pour les consommations normales et instaurer un prix plus élevé pour limiter les surconsommations (remplissage de piscines, arrosage de pelouses, lavage de voitures)".
Pas opposé à cette idée, M. Moudenc explique que 70% des consommateurs de la métropole toulousaine dépendent de compteurs collectifs, ce qui rend impossible la mise en place rapide d'une tarification progressive.
En revanche, il n'envisage pas d'abandonner la délégation de service public (DSP) accordée à Veolia pour la distribution -et à Suez pour l'assainissement- et souligne que le prix de l'eau à Toulouse est un des plus bas de France.
Or, Mme Touchefeu dénonce des dédommagements financiers envisagés pour ces entreprises dans le cadre de la tarification saisonnière afin de compenser les baisses de consommation.
"Cette situation absurde souligne bien l'inconséquence de M. Moudenc qui a renoncé à notre régie publique de l'eau", fustige de son côté Toulouse écologiste et solidaire.
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