Le renoncement par le gouvernement à relever les taxes payées par les agriculteurs sur les pesticides et l'irrigation est un "scandale", a estimé jeudi la régie de distribution de l'eau de Paris, qui dénonce une envolée des coûts du traitement de l'eau pour les collectivités et donc les particuliers.
A la sortie d'une rencontre avec la Première ministre Elisabeth Borne, le syndicat agricole FNSEA s'est félicité mardi d'avoir obtenu gain de cause sur une "revendication majeure", le renoncement à la hausse de deux redevances: celle pour pollution diffuse (RPD), perçue sur les ventes de pesticides, et celle pour prélèvement sur la ressource en eau pour l'irrigation.
Ces dispositions, prévues dans le projet de loi de finances pour 2024, devaient permettre de lever respectivement 37 et 10 millions d'euros supplémentaires pour abonder notamment les financements des agences de l'eau, qui participent à la gestion de la qualité et de la quantité d'eau sur un territoire.
"Ce recul, ça revient à un permis de polluer et gaspiller l'eau au profit du lobby de l'agriculture intensive", a tonné Dan Lert, président d'Eau de Paris.
"C'est encore une fois les citoyens qui vont payer le prix de la dépollution et le développement de l'irrigation en France, alors qu'on traverse un contexte de tension sur la ressource en eau, c'est scandaleux", a-t-il déclaré à l'AFP.
Il a rappelé qu'Eau de Paris et l'agence de l'eau aidaient les agriculteurs de la région Ile-de-France, avec un programme de 50 millions d'euros sur dix ans pour les aider à réduire pesticides et nitrates, en passant au bio pour préserver les zones de captage.
"Qui dit une eau brute moins polluée, dit moins de traitement et donc finalement des préventions à la source des pollutions, qui est le meilleur système en fait", a déclaré M. Lert.
"Sinon, ça revient à dire que les pesticides polluent les ressources d'eau et que c'est les services publics de l'eau, à travers les investissements sur le traitement toujours plus intensif, qui payent la facture", a ajouté M. Lert.
Depuis la mise en évidence par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de la présence dans l'eau potable de résidus d'un fongicide, le chlorothalonil, Eau de Paris a augmenté les traitements pour éliminer les pesticides dans l'eau, dont le coût a triplé, passant de trois à neuf millions d'euros.