Droits de douane: Redex, qui conçoit des instruments de mesure pour Elon Musk, veut croire "au bon sens"

L'industriel Redex, qui fabrique des instruments de mesure et de précision, notamment pour SpaceX et la fusée d'Elon Musk, veut croire "au bon sens" des Américains, à l'approche de la fin de la pause dans les droits de douane de 50% imposés par les Etats-Unis, le 9 juillet.

Spécialisée dans la conception de machines-outils et de laminoirs qu'elle fournit dans le monde entier, Redex, née au coeur du Gâtinais dans le Loiret, réalise plus de 80% de son chiffre d'affaires à l'export, dont 20 à 25% aux États-Unis cette année.

"On pense que le bon sens va finir par prévaloir, parce que les Américains seront soit obligés d'importer du matériel européen et de payer les droits de douane, soit de ne plus investir, ce qui serait un handicap pour la réindustrialisation du pays", estime son PDG Bruno Grandjean auprès de l'AFP.

Malgré l'incertitude, il prédit "que les droits de douane sur les biens d'équipement et les machines, ne vont pas exploser", pour "rester autour de 10%, comme c'est le cas aujourd'hui".

Avec 400 salariés environ, dont 200 répartis sur ses deux sites français du Loiret et d'Eure-et-Loir, son savoir-faire pourrait permettre de résister à des fluctuations sensibles des droits de douane.

"Redex peut avoir la capacité de répercuter cette augmentation de droits de douane aux clients, en bout de ligne", assure le PDG de l'entreprise, qui réalise 100 millions d'euros de chiffre d'affaires. Il est également préoccupé par "le taux de change du dollar qui pourrait rendre trop chères certaines productions aux clients américains".

Entreprise de taille intermédiaire (ETI), "nous avons la capacité de vendre dans tous les pays du monde", ce qui réduit "notre dépendance à un seul marché", poursuit Bruno Grandjean.

D'autant que le président américain Donald Trump a affirmé la semaine dernière que les Européens "ne proposent pas un accord juste pour le moment".

L'industriel a de fait solidifié d'autres marchés, comme l'Inde ou la Chine, sans attendre le 9 juillet, date de fin de la pause annoncée dans les droits de douane de 50% imposés par les États-Unis à l'Union européenne.

- Recrutement -

En Inde, où une machine-outil à plusieurs millions d'euros destinée à laminer du fil de cuivre doit être livrée dans les prochaines semaines, les commandes sont "déjà très régulières".

Mais Redex s'appuie aussi sur des clients "symboliques" outre-Atlantique, comme Elon Musk et SpaceX, à qui il fournit depuis trois ans "une machine de contrôle géante" pour la fusée Starship.

"Sans l'export et nos adaptations, nous serions morts depuis longtemps", lance M. Grandjean, dont le grand-père a fondé l'entreprise en 1949.

En plus de la question des droits de douane et soubresauts internationaux, les difficultés de recrutement et de rajeunissement de ses équipes sont d'autres tournants majeurs à négocier.

"Beaucoup de jeunes se détournent des métiers de l'industrie et on a du mal à recruter, notamment pour produire", souligne-t-il.

"D'anciens compagnons du devoir vont partir à la retraite et on ne sait pas comment les remplacer, on pourrait embaucher quatre ou cinq personnes immédiatement", ajoute Bruno Grandjean, regrettant une baisse qualitative de "la formation".

Redex a aussi amorcé l'adaptation de son activité à l'intelligence artificielle pour ses machines, notamment pour en simplifier le pilotage, dans le cadre d'un projet soutenu par France 2030.

"C'est comme dans une voiture: il y a toujours cette base mécanique, mais avec de plus en plus de capteurs et d'informatique, pour rendre la machine plus intelligente", conclut-il.