Documentaires, JT: les chaînes TV enclines à confronter les enfants au "réel"

Les dessins animés concurrencés ? Face au poids des réseaux sociaux chez les très jeunes, les chaînes de télévision élargissent leur offre avec des documentaires ou des journaux d'information à hauteur d'enfants.

Pas de voix off d'adulte, peu de parents à l'écran, mais des enfants qui parlent de leurs ressentis: France 4 et Okoo, la marque jeunesse de France.tv, proposent la série documentaire "La cour des grands" pour cette rentrée des classes. L'objectif: désacraliser l'arrivée au collège pour les jeunes téléspectateurs qui pourront suivre les premiers pas de six enfants.

Pendant un an, la réalisatrice Béatrice Baumié les a suivis aux quatre coins de la France, recueillant pour les premiers épisodes leur appréhension de prendre les transports sans leurs parents, ou d'être confronté au harcèlement.

"Nous constatons à quel point les enfants ont envie de se frotter au réel de plus en plus tôt", déclare Pierre Reversi, directeur des programmes jeunesse de France Télévisions.

Auprès de l'AFP, il souligne le lien avec le fait que "les enfants sont exposés à tout un tas de programmes, notamment sur Youtube, et ce ne sont pas des contenus animés". Cela pousse le groupe public, qui se doit d'accompagner les jeunes générations, à leur proposer plus de "réel".

85% des 11-14 ans utilisent les réseaux sociaux pour une durée quotidienne moyenne de 65 minutes, selon une étude réalisée par M6 publicité en 2024.

L'ambition de France Télévisions est même de détourner les enfants de Youtube au profit de la plateforme france.tv, en proposant certains programmes sur Youtube, mais pas l'intégralité afin de susciter l'intérêt.

- "Préparer les bons réflexes" -

"Je pense que c'est important de revaloriser la parole des enfants aujourd'hui et de faire des séries documentaires où c'est vraiment eux qui parlent d'eux-mêmes", souligne Candice Souillac, la productrice de la série "La cour des grands". Elle se réjouit de leur proposer un contenu différent que celui qu'on trouve sur TikTok et Youtube.

Sa société de production J2F fait régulièrement appel à Sophie Jullien, une psychologue pour la conseiller dans l'élaboration de nouveaux programmes.

"Les vidéos très courtes sur les réseaux sociaux suscitent uniquement de l'émotion, il manque du temps long", observe Mme Jullien.

"Je le vois avec les enfants qui viennent à mon cabinet, ils cherchent justement un lieu dans lequel ils parlent sans être interrompus, où ils ont une réelle écoute", rapporte-t-elle pour expliquer la multiplication de ces contenus "non fictionnels" proposés aux jeunes.

France Télé a aussi lancé en début d'année la deuxième saison de "T'es top" sur France 4 et Okoo, où le nageur handisport Théo Curin questionne un enfant sur les difficultés qu'il traverse: "Mon papa est mort", "Je suis complexée par mon surpoids"... Le but est de libérer et accueillir la parole des enfants.

Plus de réel, c'est aussi le pari que fait TFOU, le programme jeunesse de TF1 jusqu'alors exclusivement consacré à l'animation.

La chaîne lance son premier magazine d'information pour les 6-12 ans, "TFOU d'info", avec les images de la rédaction de TF1. Ce rendez-vous de six minutes proposera le mercredi et en streaming des sujets de décryptage, dès le 3 septembre.

"On veut les préparer à avoir de bons réflexes sur le traitement des informations avant qu'ils aient leur propre téléphone", explique Yann Labasque, directeur des programmes jeunesse de TF1.

France 4 avait déjà lancé en début d'année une émission d'actualité hebdomadaire pour les 7-11 ans, "Mission info". La chaîne Arte, elle, a été pionnière, avec Arte Journal Junior depuis 2015, suivie ensuite par franceinfo junior à la radio.

La chaîne franco-allemande propose aussi des portraits d'enfants aux quatre coins du monde le week-end. Un format court, à la première personne, avec des mots d'enfant.

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