Consacrer chaque année 15% de ses bénéfices à des projets environnementaux et solidaires: cette promesse de "dividende sociétal" lancée en janvier 2023 n'est pas incompatible avec la performance, assure mardi le Crédit Mutuel, qui souhaite inciter d'autres grandes entreprises à suivre le mouvement.
"J'ai la conviction que le modèle du Crédit Mutuel n'est pas réservé aux entreprises de l'économie sociale et solidaire. Il est aussi transposable aux grandes entreprises capitalistes", a déclaré Daniel Baal, président de Crédit Mutuel Alliance fédérale, dans le discours d'ouverture d'une matinée consacrée au "dividende sociétal" organisée par la banque française à Paris.
"Être une entreprise à mission, c'est aussi un levier de performance", a expliqué Daniel Baal à la presse en marge de ce forum. Tout simplement parce que "nous devons créer toujours plus de valeur pour mieux la partager."
En choisissant de devenir une "société à mission" - un statut créé fin 2019 permettant à une entreprise de se fixer des objectifs sociétaux et environnementaux, en plus de la recherche du profit - le Crédit Mutuel Alliance fédérale a souhaité évoluer vers un modèle de développement plus inclusif et durable.
C'est dans ce cadre que l'Alliance, qui regroupe 14 des 18 fédérations du groupe Crédit Mutuel, a pris l'engagement de ce "dividende sociétal", avec à la clé 439 millions d'euros mobilisés en 2023, 574 millions en 2024 et 619 millions prévus cette année.
"Si 200 entreprises de la taille de Crédit Mutuel Alliance fédérale se dotaient de leur propre dividende sociétal - ou d'un dispositif proche - nous aurions les moyens de financer la transition écologique", a souligné Daniel Baal dans son discours, en faisant référence au rapport de 2023 des économistes Selma Mahfouz et Jean Pisani-Ferry, qui estimait à environ 100 milliards d'euros par an le coût de la transition énergétique en France.
Parmi les rares entreprises françaises dotées d'un dispositif comparable, l'assureur MAIF consacre 10% de ses bénéfices au financement de projets de solidarité climatique et de protection de la biodiversité. Il a alloué 8,2 millions d'euros à son "dividende écologique" en 2023 et 7 millions supplémentaires en 2024.
"On doit faire beaucoup mieux", a insisté Daniel Baal en relevant qu'aujourd'hui seules 2.100 entreprises, et peu de grandes entreprises, ont adopté le statut d'entreprise à mission.
De son côté, le ministre de l'Economie et des Finances Eric Lombard, intervenu en clôture du forum, a jugé que le dividende sociétal était "un élément essentiel du rôle que doivent jouer l'ensemble des entreprises dans la société" afin que l'économie de marché devienne "plus inclusive et plus solidaire".
En pratique, les montants dégagés par le "dividende sociétal" du Crédit Mutuel Alliance fédérale permettent de financer des actions de mécénat et de soutien au monde associatif, mais aussi des offres bancaires ou d'assurance permettant de soutenir les plus fragiles et d'abonder un fonds d'investissement dédié à l'environnement.