Discrète visite du ministre de la Transition écologique à l'OFB, dans le viseur des agriculteurs

Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu s'est rendu mardi matin au siège de l'Office français de la biodiversité (OFB), chargé de la police de l'environnement et devenu l'une des cibles de la colère des agriculteurs, a appris l'AFP auprès de son cabinet.

Le ministre a rendu cette visite, imprévue et non publique, à des agents de l'OFB à Vincennes (Val-de-Marne) pour "rappeler l'attachement du gouvernement aux missions qu'ils exercent et pour condamner les dégradations subies", a expliqué le cabinet ministériel, sans plus de précisions.

Des agents et des syndicats de l'OFB, qui veillent à l'application des normes sur les pesticides et l'usage de l'eau, réclamaient depuis plusieurs jours un signe de soutien: "Alerte disparition! Les agents de l'OFB sont à la recherche de leur ministre!", a écrit lundi soir le Syndicat national de l'Environnement (SNE-FSU) sur X.

Depuis une semaine, de nombreuses protestations ont ciblé des antennes locales de l'administration, dont plusieurs bâtiments de l'OFB qui ont été dégradés ou bloqués par du lisier ou des feux de pneus.

Une partie du monde agricole se plaint d'une trop forte "pression" des contrôles de l'OFB.

A la demande des syndicats agricoles majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé vendredi que l'OFB serait "sous la tutelle des préfets", afin de "faire baisser la pression" des contrôles.

Le préfet intervenait déjà dans les opérations de police administrative menées par les agents de l'organisme public, mais pas dans leurs missions de police judiciaire.

L'annonce, dont la portée pratique n'a pas encore été détaillée, a suscité des interrogations, notamment sur la séparation des pouvoirs entre l'exécutif et le judiciaire.

"Que va devenir l'OFB? Va-t-on pouvoir continuer à faire notre métier correctement?", s'interroge Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du SNE-FSU, jointe par l'AFP.

"Les agents de l'OFB travaillent déjà en concertation avec les préfets. Mais si ça devient une tutelle complète (...) nous serons sous tutelle du ministère de l'Intérieur et non plus de l'écologie", souligne-t-elle.

"Nous craignons une mainmise sur les politiques environnementales, d'autant qu'on connaît la propension des préfets à favoriser les intérêts locaux", explique-t-elle.

"On sait qu'on ne peut pas passer du tout phytosanitaire à zéro" d'un coup, "mais nos ressources sont en train de s'éteindre et il faut aller progressivement vers une écoagriculture", souligne la cheffe du syndicat.

L'OFB compte 3.000 agents, dont 2.000 sur le terrain. Parmi eux, 1.700 inspecteurs de l'environnement disposent de pouvoirs de police administrative et judiciaire. A ce titre, ils font respecter les règles en matière d'usage des pesticides, d'arrachage de haies ou encore de respect des arrêtés sécheresse.

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