Les syndicats ont critiqué mardi l'absence de réponses sociales "concrètes" proposées par Emmanuel Macron sur la transition écologique, face à la colère des "gilets jaunes", et se sont demandé s'ils seraient écoutés dans le cadre de la "grande concertation".
Il y a une "forme de déception de la faiblesse des mesures annoncées: il n'y a pas pour l'instant de réponses très concrètes", a dit à l'AFP le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui dans la matinée a développé dans un communiqué sa vision du "pacte de conversion écologique" à travers une trentaine de propositions.
Yves Veyrier, le secrétaire général de FO, est aussi resté sur "sa faim": "J'aimerais que le président de la République intègre un peu plus dans son discours syndicats et salaires, parce que l'augmentation des salaires n'est pas ennemie du climat".
"On est très engagés sur la question de la transition environnementale, mais ce qu'on porte depuis toujours, c'est qu'elle doit être juste socialement et pas se faire au détriment des salariés, des moins favorisés", a souligné à l'AFP le nouveau numéro un de FO, regrettant qu'Emmanuel Macron n'ait pas annoncé de moratoire sur les taxes ou la généralisation de la prime transport réclamée par FO.
Si la concertation avec les corps intermédiaires a été bien accueillie, les leaders syndicaux sont prudents quant à la manière dont elle va se dérouler. "On va voir si on a été entendu", a relevé Philippe Louis, le numéro un de la CFTC.
La CGT, qui a snobé le rendez-vous élyséen, s'est montrée particulièrement critique dans un communiqué, de même que François Hommeril, le président de la CFE-CGC, qui a également refusé l'invitation. Emmanuel Macron "n'a d'autre objectif que de servir les intérêts du néolibéralisme", selon la CGT, regrettant qu'il "balaie d'un revers de la main toute ouverture de négociations gouvernementales et patronales" sur le Smic, les salaires, les pensions et les minimas sociaux, "seuls remèdes aux inégalités".
M. Hommeril est "extrêmement sceptique sur le volontarisme sincère" du président. "Jusque là, il a gouverné seul. Les alertes ont été nombreuses, il est revenu vers nous le 17 juillet, il ne s'est rien passé de concret depuis", a-t-il indiqué à l'AFP à propos du jour où le président de la République a rencontré pour la première fois tous ensemble les huit principaux leaders syndicaux et patronaux. "Ça devient compliqué d'aller de l'avant avec quelqu'un qui ne sait pas faire", a insisté M. Hommeril.
De son côté, l'Unsa a critiqué le "déséquilibre" de la politique fiscale, "qui a fait compenser par les revenus modestes les allègements consentis pour les entreprises et les plus riches", de même que les taxes, "socialement très injustes" par rapport à "une fiscalité progressive". Les réponses d'Emmanuel Macron sont "peu convaincantes".
En revanche, tous ont salué la décision de maintenir le cap en matière de transition écologique.
"C'est nécessaire parce qu'il en va de l'avenir de l'humanité", a réagi M. Berger. "Si on infléchit le cap, c'est nos concitoyens qui le payeront", a souligné M. Louis.