L'environnement de trois incinérateurs de déchets espagnol, français et néerlandais est pollué par des dioxines, des métaux lourds et des "polluants éternels" ou PFAS, selon des études menées par la fondation néerlandaise ToxicoWatch et publiées par l'ONG Zero Waste Europe.
Ces études, qui concernent les incinérateurs de Zubieta (Pays basque espagnol), Ivry-sur-Seine (sud de Paris) et Harlingen (nord des Pays-Bas), "révèlent des niveaux alarmants de dioxines, de PFAS et de métaux lourds dans l'environnement" de ces usines, indique Zero Waste dans un communiqué dont l'AFP a pris connaissance mercredi.
L'ONG s'alarme des "risques pour la santé publiques, les écosystèmes et la sécurité alimentaire".
Les dioxines (des polluants organiques persistants) et les métaux lourds s'accumulent dans la chaîne alimentaire, principalement dans les graisses animales.
Les chercheurs de ToxicoWatch ont analysé des prélèvements de mousses végétales, d'eau, d'oeufs de poules ou encore de feuilles d'arbres.
Concernant l'incinérateur basque, "les échantillons de mousse présentent des concentrations de dioxine jusqu'à 300 fois supérieures aux niveaux de référence mesurés avant la mise en service de l'incinérateur", souligne Zero Waste, qui ajoute que "des PFAS et des métaux lourds ont également été détectés".
A Ivry-sur-Seine, des prélèvements réalisés près d'écoles et d'espaces publics "ont montré des taux de dioxines supérieurs aux seuils de sécurité" européens, a souligné l'ONG.
"On constate une pollution massive aux métaux lourds dans les prélèvements de mousses prélevés dans quatre écoles" des environs (Dulcie September, Guy Môquet, Orme au Chat, à Ivry-sur-Seine, et Port aux Lions, à Charenton) avec des taux "supérieurs à 100 fois les seuils maximaux recommandés concernant l'aluminium, le cobalt, le plomb et l'étain", a ajouté le Collectif 3R, groupe local de Zero Waste.
Enfin, à Harlingen, "les concentrations de PFAS dans les oeufs ont été mesurées à des niveaux comparables à ceux relevés près d'une importante usine de produits chimiques fluorés" et les niveaux de dioxine dans le sol "ont été multipliés par sept depuis 2013", souligne Zero Waste.
"Les rapports (annuels depuis 2010) ne font état d'aucune augmentation des valeurs ou des émissions", a affirmé la société Omrin, exploitante de l'incinérateur néerlandais, qui indique avoir demandé à l'université de Wageningen de procéder chaque année à une étude de "biosurveillance" des environs immédiats de l'usine.
Le gestionnaire de l'incinérateur basque a indiqué à l'AFP n'être "pas d'accord" avec les assertions de l'étude "et la base scientifique de ces preuves".
Le Syctom, qui assure le service public du traitement des déchets en Ile-de-France, conteste également la "fiabilité" des résultats et souligne que l'incinérateur d'Ivry, installation classée, est "soumis à une règlementation stricte de ses rejets, dont les dioxines et respecte scrupuleusement les (...) valeurs limites à respecter".